Communication des élus à la Commission Recherche à propos du projet de régime d’intéressement

Un « régime d’intéressement »
Pour qui ? Pour quoi ?

Lors de la réunion de la commission recherche du 18 octobre 2017, l’équipe présidentielle a présenté son projet de « régime d’intéressement », s’appuyant sur un article de la loi LRU et une circulaire du ministère de l’ESR de février 2017. Au terme d’un long débat de plus d’une heure, Madame Florentz, VP Recherche, annonce qu’il n’y aura pas de vote, contrairement à ce qui était indiqué à l’ordre du jour. Pourtant ce vote aurait pu permettre à la CR d’exprimer une position quant à ce dispositif d’intéressement proposé au CA le 14 novembre prochain. D’autant plus que le Comité Technique d’Etablissement (CTE), consulté préalablement, s’était prononcé contre (3 voix contre, 6 abstentions).

De quoi s’agit-il ?

On pourrait se réjouir d’un dispositif qui, selon les termes de la loi, vise à « améliorer la rémunération des personnels ». Mais l’esprit du dispositif n’est pas celui-ci. Le régime d’intéressement est présenté comme le moyen de renforcer l’université de Strasbourg sur un marché de l’enseignement supérieur et de la recherche comparé explicitement en séance au « mercato » du football. Il permettrait à la fois « d’attirer et de retenir des talents scientifiques de tout premier plan », favorisant le rayonnement national et international de l’établissement, en leur offrant un complément de rémunération pouvant aller jusqu’à l’équivalent de leur salaire brut annuel au titre des contrats de recherche et au tiers du salaire brut annuel au titre de “l’attractivité”.

Mais ce raisonnement repose sur une analyse à la fois erronée et nocive du « marché » de l’emploi universitaire. Ce dispositif de primes, en proposant de récompenser les gagnant-e-s de la course aux contrats et les “stars” de la recherche, constitue un pas de plus vers l’individualisation des carrières et des rémunérations. Il vient ainsi parachever un système qui a instauré, réformes après réformes (au nom de l’excellence, de l’attractivité, etc.), des logiques de concurrence entre les personnels.

Concrètement, qui pourrait bénéficier de ce régime d’intéressement et comment ?

Au-delà de cette question de principe, le texte soumis à la discussion fait apparaître un problème d’opacité de la procédure. En effet, les critères d’attribution sont volontairement définis de façon floue et laissent un grand pouvoir discrétionnaire au Président de l’université qui « attribue la prime d’intéressement et en fixe le montant par décision nominative ». En outre, le texte ne fixe ni le nombre de personnels potentiellement concernés par le dispositif, ni le budget alloué à ces primes. Ne prévoyant ni la publication des noms des bénéficiaires, ni la reddition de comptes devant les conseils, ce dispositif est susceptible de dérives inquiétantes, notamment en termes de clientélisme.

Pour résumer

Il s’agit en l’état d’un système opaque, à discrétion du Président de l’université, financé sur le budget de l’université, sans limite ni contrôle des conseils élus, pour satisfaire les mercenaires de l’enseignement supérieur et de la recherche internationale.  

C’est pourquoi nous tenons à affirmer notre désaccord avec l’esprit même du régime d’intéressement et notre souhait de voir cette part du budget de l’établissement utilisée à d’autres fins : des créations de postes par exemple (les postes permanents demeurant assurément le meilleur outil pour « retenir » et « attirer » les personnels), mais aussi un soutien aux activités d’enseignement et de recherche dans les disciplines, domaines ou thématiques les moins bien dotées et pour lesquels l’accès aux financements est plus difficile.

Nous souhaitons attirer l’attention des élu-e-s du Conseil d’administration, qui auront à se prononcer sur ce dispositif le 14 novembre 2017. Nous attendons d’eux qu’ils clarifient les objectifs de ce régime d’intéressement, qu’ils jugent de son utilité et de sa pertinence ; et, le cas échéant, qu’ils fassent en sorte de rendre parfaitement transparent son fonctionnement en le maintenant, d’un bout à l’autre, sous le contrôle des conseils.

Par ailleurs, ce texte est diffusé à l’ensemble des personnels de l’université, que les élu-e-s de la CR ont reçu mandat de représenter.

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