Motion du Congrès de l’Université de Strasbourg à propos de la LPPR

Le Congrès de l’Université de Strasbourg réuni le 28 janvier 2020 est inquiet quant aux perspectives que dessine l’avant-projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Plusieurs éléments actuellement proposés sont en effet de nature à porter un préjudice irréversible à la recherche publique : concentration accrue des financements sur quelques établissements et équipes, choix de privilégier les financements sur projet au détriment de financements récurrents pour refinancer l’ESR, modulation des services des enseignants-chercheurs, arrêt des recrutements d’enseignants-chercheurs et d’autres personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche  titulaires au profit de recrutements temporaires et précaires.

Par conséquent, le congrès s’oppose à tous ces éléments qui remettraient en cause les principes suivants :

1/ Toute politique de recherche suppose que soit garanti le principe de liberté et de pluralité des activités académiques et scientifiques et d’en assurer la mise en œuvre par des financements récurrents et importants.

2/ Une politique des sciences doit se fonder sur une approche coopérative de la production de la connaissance et non pas seulement sur la mise en concurrence systématique des laboratoires et des personnes qu’induisent les instruments de sélection par appels à projets.

3/ Toute politique de recherche doit s’appuyer sur un plan ambitieux de recrutements de titulaires (enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATSS et IT) permettant au minimum de revenir aux effectifs de 2005 et de résorber une précarité endémique des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur, nuisible non seulement à leur qualité de vie mais aussi à la production et à la diffusion scientifique.

Motion adoptée à l’unanimité des membres du Congrès de l’Université de Strasbourg, le 28/01/2020

L’Université de Strasbourg accepte pleinement le principe de la hausse différenciée des droits d’inscription pour les étudiants étrangers.

Lors du Conseil d’administration du 19/03/2019, le président de l’Université de Strasbourg a annoncé sa décision d’accepter pleinement le principe de la hausse différenciée des droits d’inscription pour les étudiants étrangers. Il revient sur la parole donnée quelques semaines plus tôt devant les conseils et personnels de l’université [ici] et devant la presse [DNA, France3, FranceBleue, Rue89Strasbourg, 20 minutes].

Dix millions d’euros sont prévus au niveau national pour financer le plan mal-nommé “Bienvenue en France”, l’université de Strasbourg recevra ainsi quelques centaines de milliers d’euros. On connaît à présent le prix de nos principes.

La position publique du président aura donc été une manœuvre destinée principalement à faciliter la mise en œuvre de cette mesure en limitant les contestations internes, au prix de la trahison de la confiance des personnels et des partenaires internationaux de notre université.

En outre, le président a refusé que le Conseil d’administration exprime à nouveau des réserves sur cette mesure. Il a ensuite estimé positive l’actuelle et rapide transformation de l’enseignement supérieur, et plus généralement de l’éducation.

Nous condamnons cette mesure opposée à nos valeurs et principes, qui nous contraint à choisir entre l’accueil d’étudiants et la gratuité de la transmission des savoirs. Nous dénonçons également le dispositif et ses auteurs qui ont conduit à nous mettre dans cette situation à des fins strictement idéologiques. .