Il n’y a plus d’Alternative

Démission des membres des trois conseils centraux de l’Université de Strasbourg – Conseil d’administration (CA), Commission de la recherche (CR) et Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) du Conseil académique (CAc) – élus sur les listes « Alternative 2017 » 

Nous sommes sincèrement au regret de présenter notre démission de nos mandats au Conseil d’administration et au Conseil académique de l’Université de Strasbourg. 

Nous sommes confrontés à une absence manifeste de transparence et à un blocage de la part de la Présidence quant à l’utilisation des moyens budgétaires de l’Université de Strasbourg et aux structures qui lui sont liées. 

Les élus dans les conseils sont donc dans l’incapacité d’exercer leurs mandats et il est illusoire de considérer qu’ils décident des orientations politiques de notre université, qui incombent en réalité intégralement à la seule présidence.

Or, la politique de l’Université de Strasbourg est néfaste, y compris selon les propres standards de sa présidence. Pire, sa présidence impulse, sans mandat, les transformations envisagées dans la LPPR, qui soulèvent les oppositions de la communauté.

Par honnêteté envers nos collègues, nous n’avons d’autre choix que de démissionner de nos mandats, qui nous tiennent pourtant à cœur, et que nous avons assumés avec diligence et conviction.


Textes connexes


Revue de presse

Communiqué de presse

Strasbourg, le 30 juin 2020

Nous sommes sincèrement navrés de devoir en arriver à publier un démenti, mais les récentes déclarations publiques du président de notre université ne sont pas conformes aux valeurs universitaires. En qualifiant les raisons de notre démission d’« accusations mensongères », elles nous contraignent à des rectifications pour rétablir la vérité des faits.

Pour appuyer son propos, M. le Président affirme :

  1. qu’il n’y a pas de défaut de collégialité puisque « le budget 2020 a été approuvé à l’unanimité par le CA, y compris donc par certains élus démissionnaires ».
  2. qu’il n’y a pas de défaut de transparence puisque « le rapport de la Cour des comptes de 2017 n’a jamais pointé quelque opacité que ce soit ».

Or :

  1. Le procès verbal du CA du 17/12/2019 indique sans ambiguïté 11 voix contre le budget initial 2020, dépassant donc le simples nombre des élus démissionnaires. Pire, ces votes sont explicitement justifiés par les mêmes raisons qui supportent notre démission (voir extrait en fin de message).
  2. Le rapport de la Cour des comptes comporte par exemple : « sans aucun acte de publicité ni de transparence en direction des élus de l’université » ou encore « problème  de  transparence  de  la  politique  de rémunération », et conclut ainsi « En conclusion, la gestion des crédits Idex par la fondation de coopération scientifique présente un risque de « transparence » de la fondation vis-à-vis de l’université. ». Ce sont ces points déjà soulignés par la Cour qui viennent de conduire à notre démission trois ans plus tard.

Les élus démissionnaires des conseils de l’université de Strasbourg : le Conseil  d’administration (CA) et les deux commission du Conseil académique, la Commission de la recherche (CR) et la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU).

Ne plus entretenir l’illusion

Membres du Conseil d’administration et du Conseil académique, nous avons tenté durant trois ans de faire vivre ces instances, d’y représenter la communauté universitaire qui nous a élus et d’œuvrer à une gouvernance transparente et à une saine gestion de l’Université. Nous faisons aujourd’hui le double constat de l’impossibilité de réaliser notre mission et du blocage des instances représentatives par la présidence de l’Université de Strasbourg.

Nous sommes en effet confrontés à une absence manifeste de transparence quant à l’utilisation des moyens budgétaires accordés à l’Université de Strasbourg. L’accès à un large ensemble de données financières nous est refusé, ce qui nous place dans l’impossibilité d’exercer correctement notre mandat. Les éléments que nous aurions souhaité pouvoir examiner concernent principalement les entités qui ont été créées ces dernières années dans le cadre des lois « LRU » et « Fioraso » : les fondations liées à l’Université de Strasbourg et les structures liées au « Programme investissements d’avenir » (PIA). À de multiples reprises, nous avons fait remarquer que les documents qui étaient fournis aux conseils ne comportaient pas, ou trop peu, d’informations et de données financières concernant les structures de types IdEx, LabEx ou EUR qui sont liées au PIA, concernant les fondations dénommées « Fondation Université de Strasbourg » et FRC (Fondation pour la Recherche en Chimie), ou encore concernant l’USIAS (Institut d’Etudes Avancées de l’Université de Strasbourg). La présidence de l’université a refusé explicitement de transmettre toute information supplémentaire au mépris des textes de loi qui confient aux conseils centraux le contrôle du budget de l’université et la définition de sa politique de formation et de recherche (Code de l’éducation, article L712).

L’ensemble des entités dont nous questionnons le fonctionnement et la gestion ont pris une importance cruciale sur la dernière décennie. Elles concentrent des moyens financiers importants, qui se chiffrent en millions d’Euros, alors que la contribution directe de l’Université aux budgets de ses facultés et ses laboratoires est fortement contrainte et, sans commune mesure, plus faible. (Par exemple, en 2019, l’Idex a financé à hauteur de 9 M€ les LabEx, de 2,7 M€ l’USIAS et de 4 M€ le levier recherche, quand le budget “recherche” de l’université est limité à 5M€). Ces moyens financiers sont concentrés sur quelques laboratoires ou équipes, loin d’une répartition qui permettrait de faire face aux difficultés rencontrées par beaucoup pour développer un enseignement et une recherche de qualité. Leur contrôle échappe pourtant aux conseils centraux. Bien que financées principalement sur des fonds publics et présentées comme des succès de l’Université de Strasbourg, ces entités sont gouvernées par des conseils ou des comités de pilotage constitués principalement par cooptation, où l’université n’est représentée que par son président ou un de ses vice-présidents. 

L’absence de transmission des informations budgétaires concernant ces structures interdit aux administrateurs et aux membres du Conseil académique d’avoir une vision complète des opérations pouvant avoir une incidence financière sur les comptes comme sur les activités d’enseignement et de recherche de l’Université de Strasbourg. Les administrateurs de l’université signataires de ce communiqué arrivent à la conclusion qu’ils sont empêchés d’effectuer leur mission et d’assumer leurs responsabilités que leur confie la loi, et tout particulièrement de juger de l’utilisation sincère et honnête des fonds publics confiés à l’université de Strasbourg. Ils ont choisi d’alerter Mme la Rectrice et Mme la Présidente de la 3e chambre de la Cour régionale des comptes en leur transmettant ce constat.

Dans cette période difficile, nous ne souhaitons plus entretenir d’illusion sur le rôle des conseils centraux dans la gouvernance de l’Université de Strasbourg. Nous sommes donc au regret de devoir présenter notre démission de nos mandats de membres du Conseil d’administration et du Conseil académique de l’Université de Strasbourg. 

La LPPR et l’Université de Strasbourg

L’Université de Strasbourg, première déconcentrée en 1970 et première refusionnée en 2009, a toujours entretenu un rapport particulier avec les réformes nationales de l’ESR. Elle fait partie de la dizaine de Grandes universités de recherche françaises. Membre non seulement de la CPU, mais surtout de la LERU et de la CURIF, elle participe aux réseaux d’influence les plus puissants de l’ESR. Son premier président fut nommé avant même la fin de son mandat à la Direction générale de la recherche et de l’innovation et son Directeur général des services est également président de l’Association des DGS d’établissements d’enseignement supérieur.

A bien des égards, l’Université de Strasbourg est un laboratoire de réformes, et ses dirigeants sont « des producteurs de solutions et de normes reprises par d’autres acteurs du système d’enseignement supérieur français ». Elle est parmi les premières à mettre en application l’autonomie de gestion prévue par la loi LRU de 2007 en passant aux responsabilités et compétences élargies. Elle a obtenu les premiers IDEX confirmés, comme les premières dérogations pour s’endetter. Elle est régulièrement citée en exemple au niveau national, notamment pour sa fondation et sa SATT, ou encore le modèle économique de l’ISIS. Encore aujourd’hui, elle expérimente avant les autres le « dialogue stratégique » qui sera étendu à tous les établissements dans le cadre de la LPPR

Concernant cette LPPR, plusieurs mesures sont déjà mises en œuvre à l’Université de Strasbourg. Citons notamment les « Chaires professeur junior », ou tenure-tracks, modèle que nous avons décidé de « promouvoir » dès 2017 (Article 3 de la LPPR et Conseil d’administration du 9 mai 2017 de l’Unistra) ; « les primes d’intéressement » (Article 14 de la LPPR et Conseil d’administration du 14 novembre 2017 de l’Unistra, voir aussi notre dossier), et qui permettent au président de notre université de doubler le salaire d’une liste tenue secrète de chercheurs jugés de « très haut niveau » ; ou encore le développement des fondations (Article 16 de la LPPR).

Conformément à ce qui est décrit dans la LPPR, l’Université de Strasbourg s’est déjà dotée de fondations puissantes et de filiales nombreuses, permettant à la fois d’échapper aux règles de la comptabilité publique (colloque « Fusions d’universités : bilan, retours d’expérience et perspectives »), et au contrôle des Conseils centraux de l’université (texte fonctionnement des conseils).

L’Université de Strasbourg et la LPPR se renforcent mutuellement et impulsent un mouvement. Participer aux conseils de l’Université de Strasbourg, approuver en local ces transformations, c’est donc participer de ce mouvement. Or, comme le prouve le récent épisode au CNESER, le fonctionnement démocratique national de l’ESR est totalement inopérant. Et comme le montrent toutes les analyses de la loi ainsi que le bilan de notre université, ce mouvement est contraire aux intérêts de l’enseignement et de la recherche, et de ceux qui les font. 

Il est donc désormais de la responsabilité de chaque élu des Conseils de l’Université de Strasbourg de légitimer ou non cette politique, au niveau local comme national. 

Conseil d’administration du 26/05/2020

Préparation de la rentrée de septembre 2020

Pour la rentrée de septembre, des éléments de cadrage vont être diffusés dans les prochains jours auprès des directions de composante (plan « OURS »). Fin juin, l’université devrait recevoir d’autres éléments de cadrage du ministère. Les conditions concrètes de rentrée seront définies en septembre.

La seule façon d’éviter cette incertitude est de décider dès aujourd’hui de basculer certains types d’enseignement à distance, comme l’a fait l’Université de Stanford, ce que la présidence de l’Université de Strasbourg ne souhaite pas faire.

Des enquêtes vont être conduites auprès des étudiants, directions, et personnels dans la perspective de produire des éléments de décision pour la mise en œuvre de la rentrée.

Comptes financiers 2019

Diverses modifications d’écritures comptables rendent le budget difficilement compréhensible. Aucune lecture politique n’a été présentée. La marge de manoeuvre financière de l’établissement n’a pas été identifiée, néanmoins le document approuvé précise que « Le résultat de fonctionnement de l’établissement principal est excédentaire et s’élève à 3 551 768,65 €. ». Ce résultat correspond aux sommes non dépensées dans l’année, et il était de 2,8 M€ en 2018, 4,6 M€ en 2017, 7,7 M€ en 2016, 8,5 M€ en 2015, et 8,7 M€ en 2014, soit plus de 35 millions d’euros sur cette période.

Les détails budgétaires des filiales et fondations ont été refusés aux administrateurs. D’abord parce que, malgré ce défaut de transparence, « la transparence est totale ». Ensuite parce que, malgré que ces filiales et fondations sont sous le contrôle de l’université que les tutelles CNRS et INSERM ne sont qu’invitées, les administrateurs de l’université n’ont pas à se prononcer sur les décision des tutelles CNRS et INSERM. 

Comme chaque année, une présentation synthétique de l’utilisation pluriannuelle de l’IDEX par projet a été demandée à la présidence. Comme chaque année, la présidence a assuré que ce serait fait. La fin du mandat actuel devrait permettre cette fois-ci d’écourter l’attente. 

Pour plus de détails, retrouvez les réponses aux questions que nous avons posé par écrit.

SPSI – schéma pluriannuel de stratégie immobilière / Dévolution du patrimoine

L’examen du projet de SPSI par la Direction générale des finances publiques en date du 17 janvier 2020 recommande de développer le volet valorisation du patrimoine, « dans l’optique d’une prochaine demande de transfert de propriété du patrimoine mis à disposition par l’Etat ». 

Lors du CA du 21 janvier 2020, M. le président avait indiqué concernant la dévolution du patrimoine que « la gouvernance de l’université n’a pris aucune décision ». La présidence a ensuite pris rendez-vous avec le ministère fin mars pour « négocier la dévolution ». Ce rendez-vous a été annulé et devrait être reprogrammé prochainement.

La présidence estime que le ministère peut imposer la dévolution, et qu’il est donc préférable de la négocier. Elle n’estime pas que ce pouvoir du ministère déséquilibre la négociation, et refuse l’aide des administrateurs pour y peser. Elle réfute l’existence d’un rapport de force avec le ministère « puisque c’est une tutelle ».

Le CA sera de nouveau consulté une fois que la dévolution sera actée, et il adoptera le plan de la présidence sans moyen ni de le refuser, ni de le modifier, ni même de contrôler sa pertinence. D’après le président, le CA est ainsi « l’alpha et l’oméga de la dévolution ».

GIP FUN – France Université numérique

Le document approuvé par le CA indique que « l’Université de Strasbourg a bénéficié d’une dotation au titre des actions spécifiques sous référence “Subvention au titre de CréaMOOCs” d’un montant de 70 k€ pour soutenir la production de MOOCs et de formations en ligne. » puisque « A ce jour l’université de Strasbourg a créé et diffusé 2 MOOCs », pour une diffusion totale de 3 sessions, et ajoute que « Un troisième MOOC (Système complexe) a été réalisé mais non diffusé à ce jour. ». 

Il renouvelle « Le niveau d’adhésion de l’Université de Strasbourg est de 5000 € par an, nous permettant actuellement de jouer 2 nouveaux MOOCs par an. »

Lors du Conseil académique du 30 septembre 2014, les MOOCs étaient présentés comme une priorité stratégique de l’université (« Le sujet des MOOC est incontournable. »). Aujourd’hui, au vu des performance de l’université dans le domaine, la présidence estime qu’il n’est pas nécessaire de réorienter la politique de l’université, encore moins de l’arrêter. Elle n’estime pas nécessaire de se prononcer sur sa réussite. Elle ajoute que les MOOCs ne sont pas une priorité stratégique de l’université. 

Elle estime qu’il est naturel qu’un MOOC ne soit pas rejoué « dès lors qu’il a trouvé son public », et que le seuil de réussite d’un MOOC est lorsque plus de 5% des participant vont jusqu’au bout. 

Elle estime ensuite que l’adhésion permettra de jouer de nouveaux MOOCs.

Lettre d’information Covid19

Conseil d’administration

Un Conseil d’administration s’est tenu du vendredi 27 mars 9h au mercredi 1er avril 2020 14h par email, modalité qui ne permet pas la discussion. L’ordre du jour comportait deux points, dont aucun n’avait trait à la crise actuelle. La situation actuelle de l’université n’a pas été présentée par la présidence, et le Conseil n’a pas été invité à se prononcer sur cette question. Nous avons cependant pu poser des questions et obtenir certaines réponses.

CFVU

Les cfvu sont remplacées par des eventos pour voter. Les membres ont été invités à discuter par mail. La stratégie adoptée par l’université à savoir tenir les évaluations avant l’été en modifiant éventuellement les MECC n’a pas été soumise à débat.  

CR

Le 13 mars, le message suivant a été adressé aux membres de la CR : « Suite aux annonces du Président Macron, hier soir et de notre ministre Mme Vidal cet après-midi, toutes les réunions programmées prochainement : la COP Recherche, le Jury des Prix Espoirs, le conseil doctoral, la commission Recherche, sont reportées à une date ultérieure. Nous reviendrons vers vous dès que possible afin de fixer les prochaines échéances. »

Nous n’avons reçu aucun message depuis. 

Position des élus alternative

L’université est complexe et diverse, il n’existe que des cas particuliers. Cependant, nous avons dressé une liste de constats objectifs qui s’appliquent dans la majeure partie des cas :

  • Le confinement a pour conséquence une augmentation des charges de travail et une dégradation des conditions d’exercice.
  • Il sera impossible de faire autant et aussi bien que d’habitude dans ces conditions.
  • Essayer de tout faire conduira à tout faire mal et à augmenter le stress de toute la communauté.
  • L’assiduité des étudiants, au cours comme aux examens, n’est plus contrôlable.
  • L’égalité de traitement des étudiants ne peut être assurée.
  • Les connaissances ne peuvent être transmises dans les meilleures conditions.
  • Les acquis ne peuvent être évalués dans les conditions minimales de validité.
  • Contrôler les connaissances sans les transmettre n’a pas de sens.
  • Transmettre les connaissances sans les contrôler est l’essence de l’Université.
  • Les MECC (modalités d’évaluation et de contrôle continu) adoptées pour cette année sont de facto caduques.
  • Faire remonter de nouvelles MECC n’améliorera ni l’enseignement ni les évaluations.
  • Plus on attend, plus nombreux seront les étudiants et enseignants malades ou en situation difficile.
  • Le suivi des étudiants à distance n’est pas possible pour les grands effectifs. Seuls les petits groupes sont effectivement suivis, non sans difficulté. 
  • L’accompagnement des étudiants à distance accentue les inégalités entre étudiants.

Sur la base de ces constats, les élus Alternative adoptent la position suivante :

Puisqu’il faut choisir, les élus Alternative réaffirment un ordre de priorité : d’abord la santé, ensuite la solidarité, après l’enseignement, enfin les validations. A cet égard, ils choisissent la transmission plutôt que le contrôle des connaissances. 

  1. Neutralisation des MECC actuelles et suppression de la remontée en urgence des MECC modifiées : plutôt que d’obliger les enseignants à transmettre les MECC à la présidence, il sera plus efficace de faire confiance aux enseignants pour transmettre ces MECC à leurs étudiants en concertation avec leur équipe pédagogique. 
  2. Accepter le changement présent et organiser l’après : plutôt que de réagir au jour le jour en s’épuisant à maintenir une impossible normalité, prendre la mesure de la situation notamment pour les évaluations confinées (voir le Vadémécum « évaluation confinée »), et penser dès à présent à prendre en compte ce semestre extra-ordinaire dans les années d’étude suivantes.
  3. Rendre service : mobiliser notre énergie à transmettre nos connaissances, et mobiliser ces connaissances à documenter la situation et à réfléchir sur ses conséquences. Utilisez les différents outils à disposition pour échanger au sein de la communauté universitaire mais aussi en dehors, pour rendre service en dehors des normes scolaires qui viennent de voler en éclat.

Conseil d’administration du 27-31/03/2020 – Questions/Réponses sur le confinement

Les élus Alternative ont saisi l’occasion du Conseil d’administration pour présenter leurs inquiétudes face à la crise. Ils estiment qu’il est nécessaire de prendre la mesure de la situation avec réalisme :

  • le confinement augmente la charge et dégrade les conditions de travail, et qu’il est donc déraisonnable de demander à la fois de continuer à délivrer tous les cours et de mener toutes les évaluations ;
  • que cette continuité de service sans priorité claire peut mener à des épuisements ou des sentiments de mal-faire qui menacent le bien-être des étudiants et personnels ;
  • que dès lors que des étudiants, notamment les plus fragiles, ne sont plus en mesure d’assister aux enseignements, les conditions d’égalité de traitement ne sont plus garanties, notamment pour les évaluations ;
  • que la communauté a besoin de consignes générales concernant les trois points susmentionnés, non pas pour contraindre, mais pour assurer et rassurer, tant les étudiants que les enseignants confrontés à ces problèmes bien réels ;
  • et qu’il convient de prévoir dès maintenant la gestion de la sortie de crise, puisque les étudiants et personnels seront occupés et préoccupés au moment du déconfinement par d’autres soucis que professionnels. 

Cependant, la présidence estime pour sa part, que :

  • « il ne [lui] semble pas qu’il y ait d’opposer enseignement à évaluation, continuité du service à bien-être personnel. » ;
  • « il n’y a pas de lien direct entre la validation des acquis et la vérification de l’assiduité. Cette dernière reste d’ailleurs globalement vérifiable, de manière variable selon les circonstances. » et « tous les étudiants doivent pouvoir être en mesure de valider leur semestre. » ;
  • « il serait absurde, donc, que l’on donne des consignes générales : chaque enseignant voit ce qu’il peut faire. » ;
  • «  il serait prématuré de répondre [à la question de la sortie de crise] faute d’informations sur la date et les modalités du déconfinement. ».

Le traitement des questions susmentionnées est donc renvoyé à la communauté, par la présidence qui se réserve un droit de contrôle via la CFVU, sans assumer sa responsabilité de prescription et de protection. La présidence ne prévoit d’ailleurs pas l’adoption d’un plan de continuité pédagogique, doute de l’existence d’une proportion non négligeable d’étudiants ne pouvant pas suivre les cours à distance et estime qu’il suffit d’améliorer leur accès au numérique, ne prévoit pas de de mobiliser de fonds supplémentaires en dehors d’un appel aux dons défiscalisés et n’a pas travaillé à la gestion de la sortie de crise. 


Verbatim intégral des questions et réponses :

A propos des étudiants 

1/ Savez-vous combien d’étudiants sont dans le besoin matériel et psychologique ?

« Il n’est pas possible de savoir combien d’étudiants sont dans le besoin matériel et psychologique. Notre objectif n’est d’ailleurs pas de les compter, mais de les contacter et de leur proposer des solutions. »

2/ Quelles sont les mesures prises par l’université en direction des étudiants isolés qui sont dans le besoin matériel et psychologique ? 

« Pour les besoins matériels nous en sommes en lien constant avec le Crous, qui est en responsabilité : après discussion avec le Crous, il est paru préférable de laisser le Crous assurer cette mission, qui lui revient ; en revanche, nous lui apporterons toute l’aide, financière et humaine notamment, requise. »

3/ L’université dispose-t-elle d’un fond d’aide d’urgence ?

  • Si non, quand sera-t-il mis en place? 
  • Si oui, à combien se monte-t-il ? 
    • A-t-il été mobilisé ? si oui, à quoi ?
      • si non, va-t-il l’être ?

La présidence envisage-t-elle de mobiliser l’IDEX pour faire face à la crise ?

« Nous sommes prêts, comme la ministre l’a autorisé, à augmenter la subvention que nous lui accordons, grâce à des fonds prélevés sur la CVEC, mais ce n’est pas l’urgence. Dans l’état actuel des choses, il n’y a donc aucune nécessité de mobiliser des crédits supplémentaires, IdEx par exemple, ni fonds d’urgence. 

Nous cherchons aussi à aider le Crous à trouver des assistants sociaux supplémentaires. Le SVU, d’autre part, va soutenir les épiceries solidaires. »

4/ Comment les étudiants en situation difficile peuvent-ils se signaler à l’université ? 

« Pour les besoins psychologiques, la grosse difficulté réside précisément dans la capacité à établir un lien avec ces étudiants. Cela passe par une meilleure organisation de l’information sur le site (en cours), mais plus encore par les contacts personnels entre étudiants (également via les associations) et avec les enseignants. »

5/ Où peuvent-ils trouver l’information? 

« Le CAMUS est évidemment mobilisé, mais n’a pour le moment pas constaté d’augmentation significative de son activité en lien avec le Covid-19. Sur le CAMUS, et plus largement sur l’information, le service « Communication » a mis en place une page dédiée « Coronavirus », accessible depuis la page d’accueil du site unistra, et qui le sera bientôt depuis Ernest :

http://www.unistra.fr/index.php?id=coronavirus&utm_source=unistra_fr&utm_medium=unistra_fr_homepage.

Après des premiers jours marqués par l’urgence, on est en train de réorganiser et restructurer l’ensemble des informations. Toutes les suggestions sont bienvenues évidemment : nous allons mettre en place une adresse dédiée, c’est une bonne idée (pour rappel, une adresse spécifique avait été mise en place par la DGS).

Nous préparons d’autre part une « boîte à outils », qui a été annoncée ce matin (Gardons le Lien Université-Etudiants) »

A propos des personnels

Les personnels de l’université comme les étudiants ont une disponibilité réduite pour assurer leur travail et leurs études (charge de famille, aides aux proches, actions de solidarité, maladie…). Certains collègues sont débordés sous la double charge d’organiser les enseignements à distance et les contrôles des connaissances à distance. Cette double charge incombe aussi aux étudiants qui doivent à la fois suivre les enseignements et passer des examens à distance. Les risques sont de ne pouvoir faire bien ni l’un ni l’autre et d’augmenter encore le stress de la communauté. 

  • Quelle est la priorité préconisée par la présidence dans l’éventualité où les collègues doivent choisir entre 
    • enseigner ou 
    • évaluer ?
  • La présidence recommande-t-elle de faire 
    • moins d’enseignement ou d’évaluations à distance mais de les faire bien, ou 
    • plus d’enseignement et d’évaluations à distance mais moins bien ?
  • Pour la présidence, la priorité est-elle 
    • au bien-être physique, psychologique et social des personnels et étudiants, y compris au sein de leur foyer, ou bien 
    • à la continuité de service ?

« Il ne nous semble pas qu’il y ait d’opposer enseignement à évaluation, continuité du service à bien-être personnel. »

Comme nous sommes dans une situation inédite, la question n’est pas de faire plus ou moins : nous devons, pour la plupart d’entre nous, dans l’urgence, dans des conditions difficiles, inventer comment faire autrement. La poursuite des activités d’enseignement est même une façon tout à fait essentielle de maintenir le lien social dont nous avons tous besoin. Beaucoup d’étudiants en sont d’ailleurs demandeurs et sont heureux de l’attention, souvent plus personnalisée, que les enseignants peuvent leur accorder dans ces moments. 

C’est ce que l’immense majorité des enseignants essaie de faire : faire autrement, pour, malgré la crise, malgré les difficultés, continuer à faire progresser les étudiants, leur permettre d’avancer dans l’acquisition de connaissances et de compétences.

Sans, cela va de soi que, personnels comme étudiants ne puissent être attentifs à leur bien-être, en toute circonstance et a fortiori dans cette période de crise.

Il serait absurde, donc, que l’on donne des consignes générales : chaque enseignant voir ce qu’il peut faire. Les décisions, notamment sur les évaluations, sont prises à tour de rôle par les équipes pédagogiques, sous la responsabilité du directeur de composante, et in fine par la CFVU. »

A propos des évaluations

Selon Madame Vidal, le contrôle de l’assiduité n’est plus envisageable, au point que ce critère est suspendu pour le versement des bourses. 

  • Est-il possible de valider des acquis lorsque l’assiduité, aussi bien aux enseignements qu’aux examens, ne peut être vérifiée ?
  • Une solution est l’auto-validation des acquis par les étudiants, sous la supervision des enseignants. Puisque les enseignants ne sont plus en mesure de contrôler les acquis, il faut faire confiance à la responsabilité des étudiants envers leurs propres études. 
  • Qu’en pense la présidence ?

« On notera d’abord qu’il n’y a pas de lien direct entre la validation des acquis et la vérification de l’assiduité. Cette dernière reste d’ailleurs globalement vérifiable, de manière variable selon les circonstances. La CFVU travaille sur cette question. »

A propos des concours de recrutement d’enseignants-chercheurs

  • Pensez-vous pouvoir assurer le bon déroulement des concours selon les contraintes du calendrier ministériel ? 
    • Si oui, de quelle manière ? 
    • Si non, qu’est-il prévu ? 
  • Pour les concours au fil de l’eau, quel est le calendrier prévu ?

« Suite à l’annonce par le ministère le 25 mars du report du calendrier de la campagne synchronisée (en lien avec report de la clôture du dépôt des candidatures au 9 avril au lieu du 26 mars), le calendrier « unistra » a été adapté pour permettre une prise de fonctions des nouveaux nommés au 1er septembre.

      Le CACr du 9 avril (dédié à l’examen des demandes de mutation prioritaire et/ou demandes de dispense de qualification) a été reporté en vue d’une mise à disposition des dossiers recevables au plus tard le 23 avril (via le module dédié CHIRON sur Galaxie).  Des modalités vont être proposées aux membres du CACr (cette séance est indispensable pour permettre la poursuite de la procédure).

  Suite au sondage réalisé au début du confinement auprès des présidents de CdS, il s’avère possible d’organiser, pour la quasi-totalité des Cds, les réunions de sélection de dossiers aux dates initialement retenues pour les auditions. Les présidents ont été invités (mail adressé le 25 matin) à contacter les membres des comités de sélection pour arrêter une nouvelle date pour les auditions avec un report de la date limite au mercredi 3 juin (au lieu du 13 mai).

  Toute évolution réglementaire prise par le ministère sera immédiatement transmise aux présidents des CdS (et simultanément aux composantes) dans l’objectif de garantir le meilleur déroulement de la campagne synchronisée.

Pour les concours au fil de l’eau, le calendrier est en cours de finalisation avec l’objectif d’une prise de fonctions des maîtres de conférences le plus tôt possible (le déroulé de la procédure ne permet pas de l’envisager dès le 1er septembre). Les enseignants du second degré prendront pour leur part leurs fonctions au 1er septembre. »

« En ce qui concerne les CST (comités de suivi de thèses), voici ce qui a été indiqué aux directrices et directeurs des ED : “Les calendriers  semblent pouvoir être maintenus puisque l’échéance pour les CST est fixée au 30/09 (soit dans 6 mois), date limite de la réinscription.  S’il y a lieu, vous pouvez tout à fait décider au niveau de chaque ED d’une modification de la forme du CST (format du rapport à rendre en amont, format de la présentation orale, analyse sur dossier sans présentation orale, ….) tout en veillant à respecter le cadre défini au sein du collège doctoral. A nouveau, toute situation particulière pourra être traitée au cas par cas. Ainsi, il n’apparaît à ce stade pas nécessaire de modifier d’emblée l’ensemble de votre procédure pour répondre aux diverses situations qui se présenteront à vous.” » 

Par un message du 2 avril 2020, la VP RH propose de reporter la date limite des auditions au mercredi 10 juin.


1- Est-ce qu’un Plan de continuité de l’activité (PCA) incluant les instructions pour la continuité pédagogique (PCP) est en cours d’élaboration ?

2- Quand sera-t-il transmis aux personnels ?

« Les vice-présidents Formation et Transformation numérique et innovations pédagogiques ont transmis aux composantes les principes généraux de la continuité pédagogique par plusieurs courriers envoyés entre le 16 et le 22 mars. La mise en œuvre elle-même appartient aux équipes pédagogiques, sous la responsabilité des directeurs de composantes. »

3- Peut-on avoir un point d’information sur les remontées des composantes concernant la continuité pédagogique, et notamment la tenue des examens ?

« Malgré la situation tout à fait exceptionnelle, les nouvelles MECC font l’objet d’un examen par la CFVU, selon la procédure habituelle (commission préparatoire, séance plénière), dans des modalités concrètes évidemment adaptées au contexte de confinement, l’ensemble de ces étapes étant concentré en une seule semaine. Il y aura autant de séances de travail que nécessaire pour que toutes les MECC nouvelles soient validées. Ceci est rendu possible grâce à une forte implication des services et des élus (notamment ceux de la commission de suivi) »

4- Comment garantir l’égalité de traitement dès lors qu’une proportion non négligeable d’étudiants ne peut pas suivre les cours à distance ?

« On pourrait discuter sur ce que c’est qu’une proportion « non négligeable ». Mais qu’ils soient en proportion négligeable ou pas, tous les étudiants doivent pouvoir être en mesure de valider leur semestre.

La première chose est d’améliorer l’accès au numérique pour les étudiants qui en auraient besoin.

La DNum a fait, avec d’autres services et avec la DGS, un gros travail pour prêter, vendredi dernier, un ordinateur à plusieurs dizaines d’étudiants qui en étaient dépourvus.

Nous cherchons à mettre en place, sans doute avec l’aide de la Fondation, une solution pour les étudiants dépourvus de (bon) réseau.

Toutefois, ces solutions ne suffiront évidemment pas, ne serait-ce que parce que d’autres problèmes se posent que l’accès au numérique (problèmes de santé, pour l’étudiant lui-même ou pour des proches dont il doit prendre soin ; problèmes de disponibilité d’étudiants mobilisés par les organismes de santé ; problèmes de concentration…) : en fonction de la date et des modalités du déconfinement nous mettrons en œuvre les solutions les plus pertinentes pour les étudiants concernés. »

5- Au moment du déconfinement, il faut prévoir qu’étudiants comme enseignants seront occupés et préoccupés. Quelles dispositions sont prévues pour cette transition ?

« La question est excellente, mais il serait prématuré d’y répondre faute d’informations sur la date et les modalités du déconfinement. Plusieurs scénarios sont à l’étude. »


A propos du paiement des vacations

Le vademecum FAQ administrative du MESRI, estime que pour les vacataires CEV « aucune action [n’est]requise » (i.e. inutile de faire un effort particulier pour accélérer les paiements) et « l’absence de service fait doit conduire à ne pas verser la rémunération ».

https://services.dgesip.fr/fichiers/VADEMECUM_MESRI_ADMINISTRATIF27_mars_vdefformate.pdf

Pourriez-vous confirmer que notre université souhaite faire mieux que ça, en payant les services prévisionnels et en les payant le plus vite possible ?

A titre personnel, je trouve que le signal envoyé par le ministère auprès de nos collègues vacataires, dont certains sont très fragiles, est très inquiétant. Cette inquiétude pourra légitimement être renforcée par le décret de 87 (vacataires) qui stipule seulement « les chargés d’enseignements vacataires peuvent assurer des cours, des TD ou des TP » sans ajouter « ou toute combinaison équivalente en formation initiale, continue ou à distance » comme le fait le décret de 84. En conséquence, le paiement des heures de vacation à distance n’est pas sécurisé.

La gestion du stress n’est pas une mince affaire dans le contexte actuel, et j’estime que notre université devra compenser le stress généré par cette annonce malhabile sinon malheureuse, en étant la plus claire et la plus généreuse possible envers ses propres vacataires, et ce sans tarder.

Pas de réponse 

Conseil d’administration du 27-31/03/2020 – considérations légales

La séance du CA du 10 mars ayant été close avant son terme par M. Deneken, le Conseil d’administration a été à nouveau convoqué. Les administrateurs ont expérimenté une réunion s’étalant sur quatre jours par « échange d’e-mails » afin de voter le complément à la campagne d’emploi pour la mise en place de la L1 sciences pour la santé. Cela aurait pu s’effectuer rapidement par visioconférence et aurait dû n’être qu’une formalité, l’unanimité régnant au sein du conseil sur le point à adopter. La présidence a toutefois fait voter une modification du règlement intérieur du CA qui n’était pas nécessaire compte tenu des textes en vigueur et… de l’ordonnance du 28 mars 2020 publiée durant cette séance de plusieurs jours. 

Cette gestion du CA par la présidence fait naître de nombreuses craintes pour le bon fonctionnement de l’Université dans la période actuelle qui nécessitera de décider de mesures d’urgences. 


Ordonnance n° 2014-1329 – Article 4 – « (…) II. – Sans préjudice des règles particulières de quorum applicables au collège, une délibération organisée selon les modalités prévues à l’article 3 n’est valable que si la moitié au moins des membres du collège y ont effectivement participé.
Ce point a été signalé par plusieurs messages (P. Gilliot 27/03 10:29, H. Michel 30/03 19 :34, etc.). Le vote a pourtant été organisé sans tenir compte de cette exigence réglementaire. Le décompte des votes fait apparaître l’utilisation de plusieurs procurations, comptant ainsi les suffrages de plusieurs personnes n’ayant pas participé effectivement à la réunion du Conseil d’administration.

Règlement intérieur du Conseil d’administration de l’université de Strasbourg – Article 13 – « Le renvoi d’une délibération à une séance ultérieure, tenue dans les plus brefs délais, est de droit lorsqu’un quart des conseilleurs présents ou représentés le demande. (…) »
Le retrait du point 1 de l’ordre du jour avait été demandé au nom des élus Alternative dans un message de Mme H. Michel dès le début de la réunion (27/03 à 9:29). Il n’y a pas été donné suite et aucun recensement des personnes demandant le report n’a été effectué.

Décret n° 2014-1627 dans son article 5 « Les débats sont clos par un message du président, qui ne peut intervenir avant l’heure limite fixée pour la clôture de la délibération. (…) »
Malgré un email signalant, en temps et en heure (mardi 31/03 11:44 P. Gilliot), cette contrainte chronologique au président Deneken, ce dernier a choisi de ne pas envoyer de message déclarant la fin des débats après l’heure limite fixée pour la clôture de la délibération.

Ordonnance n° 2014-1329 – Article 4 I. – « La validité des délibérations organisées selon les modalités prévues aux articles 2 et 3 est subordonnée à la mise en œuvre d’un dispositif permettant l’identification des participants et au respect de la confidentialité des débats vis-à-vis des tiers. »
Le serveur de liste de l’université ne permettait pas aux membres du conseil de vérifier pendant la réunion les destinataires des messages envoyés à l’adresse CA270320 qui était utilisée et, par conséquent, de vérifier par eux-mêmes la listes des participants comme la confidentialité de leurs débats. Ce point avait été signalé par un message envoyé le 27/03 à 9:42 (P. Gilliot).Décret n° 2014-1627 – Article 2 – « L’engagement de la délibération par voie d’échange d’écrits mentionnée à l’article 1er est subordonné à la vérification préalable que l’ensemble des membres a accès à des moyens techniques permettant leur participation effective pendant la durée de la délibération »
Les décompte des membres du Conseil communiquée en début de séance (message de Mme Criqui du 27/03 à 10 :11 et suivants) porte la marque « N’ont pas répondu » pour plusieurs noms de la liste. Il n’y a aucune indication qu’il ait été vérifié si ces personnes ont accès ou non aux moyens techniques permettant leur participation effective.

Congrès du 28/01/2020

Le congrès réunit les membres du Conseil d’Administration (CA), de la Commission de la recherche (CR), de la Commission Formations et Vie universitaires (CFVU) et du Comité Technique d’Etablissement (CTE).

Une délégation d’étudiants et de personnels titulaires et précaires a été reçue en début de Congrès pour obtenir des clarifications sur la position de la présidence de l’université vis-à-vis de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), et des suites données aux violences d’extrême droite qui se sont tenues sur le campus.

Racisme envers la présidence

Les violences ont été revendiquées par des étudiants de l’université affiliés à l’Action française et la délégation a souhaité que des mesures disciplinaires ou de justice soient prises. Le président a alors expliqué que de telles poursuites n’avaient pas encore été engagées puisqu’elles nécessitent des éléments concrets dont il dispose depuis le premier jour. 

Le président a ensuite affirmé savoir qu’on essayait de le faire passer pour d’extrême droite, alors qu’il était lui-même victime de « racisme ». Haussant le ton sur une élue, il s’est violemment exprimé contre toutes les violences, y compris verbales. Puis il s’est proposé de faire un cours sur les violences légitimes et Saint Thomas d’Aquin.

Make our planet great again (or not)

A la demande des élus AFGES, une motion « Vers une université plus verte » a été discutée pendant plus d’une heure. Il a été établi que l’urgence climatique ne souffrait plus de frilosité, pour preuve notre participation à des appels à projets, dont « Make our planet great again ».

Puis la présidence a expliqué que, dès lors que ça lui rapporterait de l’argent même de façon marginale, elle ne renoncerait à aucun partenariat, y compris avec les industries notoirement polluantes ou qui œuvrent à discréditer des travaux scientifiques sur le climat pour protéger leurs intérêts,. 

La planète et l’indépendance de la recherche sont certes importantes… Mais quand même pas autant que l’argent.

Des élus « université pour réussir » ont également proposé la dissolution complète et définitive de l’université pour réduire son empreinte carbone, mais la proposition n’a pas été retenue.

LPPR, mon amour-haine

A la demande des élus Alternative et CGT, suivis par ceux de la CFDT, une motion sur la LPPR a été discutée pendant plus d’une heure. Le fait que ses mesures allaient contre les valeurs et intérêts de l’université a rapidement fait consensus.

Mais les élus « université pour réussir » et la présidence ont refusé que le Congrès s’y oppose. Ils ont de plus fermement défendu la concurrence comme moteur de la science. Lors des discussions, le président a annoncé avec fierté avoir participé à des groupes de travail et avoir été reçu par le ministère pour y défendre la suppression des 192h, les tenures tracks et CDI de chantier, ainsi que les primes à la performance.

Prenant acte de ces échanges, le congrès a finalement adopté une motion amendée, que la Présidence n’a diffusée ni aux personnels, titulaires ou précaires, ni aux étudiants, et encore moins au ministère quand bien même c’est son devoir.

Le DOS au mur

Un document d’orientation stratégique (DOS – accès par la GED mais probablement pas pour les personnels de l’université) pour la période 20-30 a été approuvé par le Congrès. Issu d’une « démarche résolument participative » pour laquelle la présidence regrette « la faible participation », il s’adosse à la consultation « CAP 20-30 » sans en reprendre les propositions. La présidence s’était engagée à en faire une synthèse et à les soumettre au vote de la communauté, mais a estimé ne pas avoir les moyens techniques d’organiser un vote et n’a pas fait de synthèse. 

D’après la présidence, approuver la phrase « Renforcer son autonomie financière, en tirant pleinement parti […] des perspectives de dévolution de notre patrimoine immobilier » n’a aucun rapport avec l’approbation de la dévolution du patrimoine immobilier. Peu convaincus, des élus ont voté contre.

Le document s’appuie sur une vision « fondée sur les valeurs qui nous définissent », mais la présidence n’a pas su présenter ces valeurs. La discussion a cependant montré que la recherche de la vérité n’en faisait pas partie.

Science ouverte : Ho oui ! Évaluez-moi plus fort !

La stratégie de science ouverte a longuement été présentée aux membres du Congrès, sans aborder la question de la bibliométrie. Les chercheurs de l’université sont désormais obligés d’utiliser un seul outil centralisé et contrôlé par la présidence pour renseigner leurs publications en vue de toutes les évaluations. 

La présidence, dans une démarche qu’elle présente de « contrition », a décidé que cet outil sera également utilisé pour les évaluations individuelles, type demandes de promotion, de changement de grade, de CRCT, de PEDR, de crédits fléchés IdEx, etc. (auxquelles la présidence souhaite également assujettir les revenus et temps de travail des personnels – voir LPPR, mon amour-haine).

La présidence a ensuite affirmé avec force que cet outil ne serait pas utilisé pour les évaluations individuelles. Elle a exclu toute utilisation bibliométrique, mais annonce n’avoir prévu aucun dispositif de prévention contre les utilisations bibliométriques. 

Enquête auprès des personnels de l’Université de Strasbourg

La présidence n’a pas souhaité présenter l’enquête menée auprès des personnels de l’université de Strasbourg, qui montre que 6 personnels sur 10 estiment que leur conditions de travail se sont dégradées depuis la fusion et se déclarent pessimistes sur l’avenir.

Pour raison, la présidence avance l’absence de demande de présentation en Congrès dans le mail que voici :

NB : Ce résumé n’est pas parodique.

Motion du Congrès de l’Université de Strasbourg à propos de la LPPR

Le Congrès de l’Université de Strasbourg réuni le 28 janvier 2020 est inquiet quant aux perspectives que dessine l’avant-projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Plusieurs éléments actuellement proposés sont en effet de nature à porter un préjudice irréversible à la recherche publique : concentration accrue des financements sur quelques établissements et équipes, choix de privilégier les financements sur projet au détriment de financements récurrents pour refinancer l’ESR, modulation des services des enseignants-chercheurs, arrêt des recrutements d’enseignants-chercheurs et d’autres personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche  titulaires au profit de recrutements temporaires et précaires.

Par conséquent, le congrès s’oppose à tous ces éléments qui remettraient en cause les principes suivants :

1/ Toute politique de recherche suppose que soit garanti le principe de liberté et de pluralité des activités académiques et scientifiques et d’en assurer la mise en œuvre par des financements récurrents et importants.

2/ Une politique des sciences doit se fonder sur une approche coopérative de la production de la connaissance et non pas seulement sur la mise en concurrence systématique des laboratoires et des personnes qu’induisent les instruments de sélection par appels à projets.

3/ Toute politique de recherche doit s’appuyer sur un plan ambitieux de recrutements de titulaires (enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATSS et IT) permettant au minimum de revenir aux effectifs de 2005 et de résorber une précarité endémique des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur, nuisible non seulement à leur qualité de vie mais aussi à la production et à la diffusion scientifique.

Motion adoptée à l’unanimité des membres du Congrès de l’Université de Strasbourg, le 28/01/2020

Lettre aux administrateurs de l’Université de Strasbourg

Mesdames et Messieurs les administrateurs,

Nous sommes convoqués mardi 21 janvier par le président Deneken pour un Conseil d’administration consacré principalement à l’adoption d’un « schéma directeur immobilier » (SDI) pour l’université de Strasbourg. Ce point peut paraître anodin, alors que les personnels seront particulièrement touchés par la réforme des retraites, alors que la LPPR (Loi de programmation pluriannuelle de la recherche) risque de modifier profondément l’enseignement supérieur comme nos statuts, alors que les étudiants de l’AFGES interpellent le Congrès sur l’urgence des mesures à prendre contre le réchauffement climatique. C’est cependant d’une orientation majeure de l’avenir de l’Université de Strasbourg qu’il nous est demandé de décider.

Par ordre croissant d’importance, trois éléments principaux du document méritent attention :

  • – la programmation d’OPÉRATIONS IMMOBILIÈRES spécifiques. Le caractère provocateur de certaines d’entre-elles – telles les privatisations du rez-de-jardin du Palais-Universitaire et du bâtiment de l’Institut de physique – ne doit pas masquer les éléments plus importants du dispositif envisagé, qui sont les suivants,
  • – la DÉVOLUTION DU PATRIMOINE. Elle correspond au transfert par l’État de la pleine propriété et de la pleine responsabilité des biens immobiliers à l’Université de Strasbourg qui en disposera à sa guise, pour les vendre éventuellement, et devra en assumer toutes les charges afférentes, telle que l’assurance des bâtiments,
  • – la CRÉATION DE FILIALES de l’Université de Strasbourg, à qui sera confiée la gestion des biens immobiliers et les activités commerciales associées. En effet, la simple vente des quelques villas de la Neustadt dont la cession est envisageable ne justifie pas une opération de dévolution. Afin de valoriser plus profondément le patrimoine et de créer de nouveaux moyens financiers, il est envisagé que l’université se dote des outils de gestion commerciale nécessaires.

Ce dernier point est le plus critique. Il constitue un choix majeur pour l’avenir. On risque premièrement de dévoyer une Université qui voudra devenir un acteur économique au lieu de se consacrer à l’enseignement et la recherche. Deuxièmement, dans la continuité du processus le transfert de compétence de la LRU, la gestion de l’université va devenir plus complexe et sa maîtrise sera réservée à des spécialistes, intégrés dans des services administratifs renforcés. La gestion démocratique de l’Université centrée sur les missions d’enseignement et de recherche définies par les enseignants-chercheurs avec les personnels biatss et les étudiants sera mise en péril et une gouvernance imposée de l’extérieur se développera sur le modèle déjà en vigueur dans d’autres pays. Enfin, l’État va se désengager financièrement en poussant l’Université à assurer ses propres financements à travers la valorisation programmée de son patrimoine immobilier et le développement d’activités commerciales qui lui seront liées.

Le SDI, proposé par la société COS pour un coût de 400.000 €, ne présente pas de liste claire des points qu’il nous est proposé d’adopter. Le processus menant à la dévolution est enclenché sans qu’apparaisse, comme cela avait été promis initialement par la présidence, une solution alternative vers laquelle pourrait se porter notre choix. En effet, la proposition de délibération est formulée de la manière suivante :

« Le Conseil d’administration de l’Université de Strasbourg approuve le projet de Schéma directeur immobilier (SDI) portant sur la période 2022-2042 et l’engagement de négociations avec les ministères concernés en vue d’étudier la candidature de l’établissement à la dévolution du patrimoine, cette hypothèse étant intégrée dans ce SDI. »

Nous sommes appelés à une décision très imprécise, qui valide en bloc l’ensemble des 180 pages d’un document comportant énormément d’éléments, pour certains très discutables, et qui engage l’Université de Strasbourg pour les prochaines décennies. Voulons-nous une université qui s’épuise dans une quête vaine de moyens et d’outils financiers qu’elle ne pourra maîtriser, comme dans des activités immobilières et commerciales l’entrainant hors de ses missions académiques, l’enseignement et la recherche ? Notre responsabilité d’administrateurs est donc engagée et nous ne pouvons voter un tel changement de paradigme en croyant naïvement adopter un simple plan pluriannuel d’investissements immobiliers.

Dans un contexte où nous peinons à obtenir de la présidence une vision transparente des outils financiers liés aux PIA et aux fondations associées à notre l’université, dans un contexte où l’enquête menée récemment montre le malaise qui règne au sein des personnels, nous vous proposons par conséquent d’adopter, lors de la séance du Conseil d’administration, les décisions suivantes concernant le point 3.2 de l’ordre du jour :

  • Afin d’éviter que chaque ligne du document proposé dans son état actuel prenne valeur de décision qu’il aura votée, le CA demande à sursoir à l’adoption du SDI en attendant que lui soit fourni par la société COS une synthèse détaillant point par point chaque décision concrète proposée.
  • Le CA repousse toute décision concernant une éventuelle dévolution du patrimoine jusqu’à ce qu’un scénario alternatif soit effectivement proposé, comme cela avait été décidé par le CA.
  • Le CA refuse tout engagement de l’université de Strasbourg dans un processus de filialisation de ses activités. Il limitera explicitement l’objet de sa délibération à un schéma directeur immobilier, en excluant toute décision qui autoriserait l’université à s’engager dans la commercialisation de locaux à travers la création de filiales.

Avec nos sentiments les meilleurs

Les élus de la liste Alternative au Conseil d’administration


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