Pierre Gilliot

Pierre Gilliot est directeur de recherche au CNRS et actuellement responsable du département d’optique ultrarapide et nanophotonique (DON) de l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS, UMR 7504 CNRS-université de Strasbourg). Après une thèse expérimentale soutenue en 1990 à l’Université Louis Pasteur, il est parti en post-doctorat à l’Institut de physique théorique de l’Université de Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Il a ensuite enseigné un an en tant qu’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER), avant d’entrer au CNRS en 1992. Physicien, il anime l’équipe « dynamique ultra-rapide de nanostructures » au sein de laboratoire. Son domaine de recherche couvre la spectroscopie ultra-rapide de nano-objets. Il a pu participer aux premiers travaux sur la mise en évidence d’effets quantiques dans des nanostructures de semi-conducteurs telles que des boîtes quantiques, au début des années 90. Il est spécialisé dans les mesures de dynamiques électroniques sur des échelles de temps femtoseconde, basées sur les techniques de spectroscopie optique utilisant des impulsions laser ultra-courtes. Il s’intéresse actuellement à des structures unidimensionnelles telles que des nanotubes de carbone ou bidimensionnelles de type graphène.
Il est membre de la Commission recherche de l’Université de Strasbourg et du Conseil de la faculté de physique et d’ingénierie. Page professionnelle

« Il faut une université qui rassemble tous ses membres autour d’un projet commun »

Pourquoi avoir rejoint Alternative 2017 ?

Participer à la vie de mon université est une chose que j’estime très importante. Le choix d’Alternative 2017 est un choix de conviction : celle qu’il vaut mieux une université ouverte sur sa diversité, sur toutes ses potentialités, plutôt qu’une université qui se focalise sur quelques points particuliers. Il faut une université qui rassemble tous ses membres autour d’un projet commun et qui donne à chacun la possibilité d’y développer une activité d’enseignement et de recherche à la mesure de ses ambitions. Dans une période très contrainte, où tout n’est pas possible, des choix doivent être faits. Mais ces choix doivent être transparents et exigeants, compris sinon acceptés, et surtout effectués sans œillères et sans rater d’opportunité en bridant l’audace.

Quelle est votre conception et votre ambition pour l’Université de Strasbourg ?

La réussite au renouvellement de l’Idex est un point qui a été mis fortement en avant ces derniers mois par l’équipe sortante, mais dont tous les membres de l’Université de Strasbourg peuvent être fiers, car elle vient sanctionner une activité dont chacun a pu, à sa mesure, prendre sa part. C’est une bouffée d’oxygène dans une période où les budgets sont contraints et où la gestion et la vie de nos universités sont de plus en plus complexes. Mais c’est aussi l’apport d’un système et d’une conception du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche qu’un grand nombre de ses acteurs, dont je fais partie, refuse.

Il nous faut trouver un mode de gouvernement de l’université qui soit original et qui puisse tirer parti de tous les aspects de ce contexte particulier. Dans le strict respect des règles de fonctionnement de l’Idex et des autres éléments du PIA ainsi que des lois et règlements régissant l’université et ses composantes, nous devons réfléchir à une utilisation différente de ces outils pour satisfaire une politique à la fois équilibrée et ambitieuse. Oublions la doxa qui nous dit que seule est légitime la politique menée par l’équipe sortante et regardons à une utilisation qui implique mieux l’ensemble de l’université. Mon statut de chercheur CNRS me pousse naturellement vers une participation à la gestion de la recherche et c’est là que je veux porter mon effort.

Que pouvez-vous apporter de particulier ?

J’ai participé à de nombreuses instances en charge de, ou travaillant sur, l’évaluation de la recherche : membre du Comité national de la recherche scientifique en section 04 (optique) pendant deux mandats successifs, secrétaire du Comité national pendant un de ces mandats, membre du Conseil de l’AERES, représentant du CNRS dans des groupes de travail sur l’évaluation de l’ESF (European Science Fundation), membre de la Commission recherche de l’Université de Strasbourg, membre de nombreux comités de sélection, etc. L’expérience ainsi acquise m’a permis de me forger de solides convictions quant à l’organisation de l’évaluation, qu’elle porte sur l’activité des individus, chercheurs ou enseignants-chercheurs, des équipes ou des laboratoires, ou encore des projets de recherche. Je suis persuadé de l’importance de la diversité des opinions qui doivent être représentées au sein d’un groupe en charge d’une évaluation. Comme cela commence à se faire pour dépasser les déséquilibres de genre, il est nécessaire d’assurer la plus grande variété dans le choix des individus à travers leurs thématiques, leurs origines géographiques, l’institution qui les a formés etc. C’est la meilleure assurance d’obtenir une évaluation honnête, juste et efficace : rien ne vaut la contradiction et le débat pour aboutir aux choix les plus pertinents. La clef se trouve donc dans le mode de désignation des experts et dans les règles d’organisation de leur groupe. Le fonctionnement des conseils de l’Université de Strasbourg, comme de ses comités de pilotage et de sélection, me semblent ainsi pouvoir être amendés et améliorés grandement pour satisfaire, non seulement le désir naturel de transparence et d’équité de nos collègues, mais aussi l’efficacité et la pertinence des choix : notre université ne doit pas, pour des problèmes de connivence ou par facilité, passer à côté de sujets audacieux ou se priver de la diversité des thématiques et des possibles.

Que peut-il vous manquer pour participer efficacement à la vie de l’université ?

Bien que connaissant l’Université de Strasbourg depuis de nombreuses années, bien qu’ayant pu assurer de façon quasi continue un enseignement tout au long des années, il est clair que ma carrière et mon activité de chercheur CNRS ne me donnent pas la même expérience et la même connaissance que celle de mes collègues enseignants-chercheurs de certaines questions, en particulier celles portant sur la formation ou la vie étudiante. Mais cela me semble tout à fait compatible avec un fonctionnement collégial de la gouvernance d’une université, où les responsabilités sont réparties et où chacun peut apporter ses compétences et s’appuyer sur celles des autres pour former un groupe cohérent et efficace. En outre un statut hors université permet d’apporter une neutralité et un regard externe sûrement bénéfiques pour un large pan des problèmes à traiter.

Avez-vous un message particulier à adresser aux électeurs ?

Le renouvellement des conseils ainsi que la désignation d’une nouvelle équipe présidentielle sont un moment important de la vie de notre Université de Strasbourg auquel chacun est appelé à participer. Il n’y a pas de fatalité et rien n’est inscrit à l’avance : ce sont les élections et les suffrages de tous les membres de notre université qui donneront sa légitimité à sa future direction. Allez voter !