La durée des thèses, critère de performance de la formation doctorale ?

Lors de la séance de la Commission de la Recherche (CR) du 13 juin dernier, la vice-présidente recherche et formation doctorale a présenté le nouveau mode de répartition des contrats doctoraux d’établissement entre les écoles doctorales (ED) de l’Unistra. Un critère censé évaluer la performance de la formation doctorale a été introduit pour ventiler près de 20% du nombre des contrats. Il revient à mettre en concurrence les ED par domaine en se fondant sur un indicateur qui mesure essentiellement… la durée des thèses !

Malgré plusieurs réactions (lettre ouverte, pétition, analyse, motion) en amont de la séance, alors même que les documents ont été transmis très tardivement aux élus, la CR n’a pu s’exprimer par un vote sur cette décision. Si une concertation large devrait sans doute être menée, ce n’est sûrement pas en imposant de manière autoritaire un mode de calcul discutable qu’il faut aborder la question. La décision est grave puisqu’elle diminue les financements de la recherche pour des disciplines importantes (Droit mais aussi Mathématiques, sciences de l’information et de l’ingénieur) sans aucune évaluation de la pertinence du critère employé.

Cette décision a été traduite dans le contrat quinquennal 2018-2022, sans annonce ni discussion. L’indicateur IC 5 “Réussite en doctorat” se limite strictement à la réduction de la durée des thèses, sans considération pour leur qualité scientifique, l’insertion professionnelle, ni même le taux d’abandon. Et cette durée sera calculé sans prise en compte des temps partiels, au mépris des conditions réelles de leur réalisation. Un seul objectif : augmenter à court terme le nombre de thèses soutenues et réduire aux maximum l’utilisation des locaux, au détriment de toutes les autres considérations, notamment humaines et scientifiques.

Cet épisode est parfaitement révélateur des évolutions récentes de l’ESR en général, de l’Université de Strasbourg en particulier : une prise de décision verticale sans concertation, en particulier des acteurs concernés ; un gouvernement par les chiffres, en apparence rationnel, en réalité incohérent, dont les effets sur la communauté et nos missions ne sont jamais mesurés ; le tout guidé par l’illusion selon laquelle la mise en concurrence artificielle aboutirait à une meilleure performance du système, ce qui reste à démontrer…

Pour aller plus loin :

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