Il n’y a plus d’Alternative

Démission des membres des trois conseils centraux de l’Université de Strasbourg – Conseil d’administration (CA), Commission de la recherche (CR) et Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) du Conseil académique (CAc) – élus sur les listes « Alternative 2017 » 

Nous sommes sincèrement au regret de présenter notre démission de nos mandats au Conseil d’administration et au Conseil académique de l’Université de Strasbourg. 

Nous sommes confrontés à une absence manifeste de transparence et à un blocage de la part de la Présidence quant à l’utilisation des moyens budgétaires de l’Université de Strasbourg et aux structures qui lui sont liées. 

Les élus dans les conseils sont donc dans l’incapacité d’exercer leurs mandats et il est illusoire de considérer qu’ils décident des orientations politiques de notre université, qui incombent en réalité intégralement à la seule présidence.

Or, la politique de l’Université de Strasbourg est néfaste, y compris selon les propres standards de sa présidence. Pire, sa présidence impulse, sans mandat, les transformations envisagées dans la LPPR, qui soulèvent les oppositions de la communauté.

Par honnêteté envers nos collègues, nous n’avons d’autre choix que de démissionner de nos mandats, qui nous tiennent pourtant à cœur, et que nous avons assumés avec diligence et conviction.


Textes connexes


Revue de presse

Communiqué de presse

Strasbourg, le 30 juin 2020

Nous sommes sincèrement navrés de devoir en arriver à publier un démenti, mais les récentes déclarations publiques du président de notre université ne sont pas conformes aux valeurs universitaires. En qualifiant les raisons de notre démission d’« accusations mensongères », elles nous contraignent à des rectifications pour rétablir la vérité des faits.

Pour appuyer son propos, M. le Président affirme :

  1. qu’il n’y a pas de défaut de collégialité puisque « le budget 2020 a été approuvé à l’unanimité par le CA, y compris donc par certains élus démissionnaires ».
  2. qu’il n’y a pas de défaut de transparence puisque « le rapport de la Cour des comptes de 2017 n’a jamais pointé quelque opacité que ce soit ».

Or :

  1. Le procès verbal du CA du 17/12/2019 indique sans ambiguïté 11 voix contre le budget initial 2020, dépassant donc le simples nombre des élus démissionnaires. Pire, ces votes sont explicitement justifiés par les mêmes raisons qui supportent notre démission (voir extrait en fin de message).
  2. Le rapport de la Cour des comptes comporte par exemple : « sans aucun acte de publicité ni de transparence en direction des élus de l’université » ou encore « problème  de  transparence  de  la  politique  de rémunération », et conclut ainsi « En conclusion, la gestion des crédits Idex par la fondation de coopération scientifique présente un risque de « transparence » de la fondation vis-à-vis de l’université. ». Ce sont ces points déjà soulignés par la Cour qui viennent de conduire à notre démission trois ans plus tard.

Les élus démissionnaires des conseils de l’université de Strasbourg : le Conseil  d’administration (CA) et les deux commission du Conseil académique, la Commission de la recherche (CR) et la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU).

Ne plus entretenir l’illusion

Membres du Conseil d’administration et du Conseil académique, nous avons tenté durant trois ans de faire vivre ces instances, d’y représenter la communauté universitaire qui nous a élus et d’œuvrer à une gouvernance transparente et à une saine gestion de l’Université. Nous faisons aujourd’hui le double constat de l’impossibilité de réaliser notre mission et du blocage des instances représentatives par la présidence de l’Université de Strasbourg.

Nous sommes en effet confrontés à une absence manifeste de transparence quant à l’utilisation des moyens budgétaires accordés à l’Université de Strasbourg. L’accès à un large ensemble de données financières nous est refusé, ce qui nous place dans l’impossibilité d’exercer correctement notre mandat. Les éléments que nous aurions souhaité pouvoir examiner concernent principalement les entités qui ont été créées ces dernières années dans le cadre des lois « LRU » et « Fioraso » : les fondations liées à l’Université de Strasbourg et les structures liées au « Programme investissements d’avenir » (PIA). À de multiples reprises, nous avons fait remarquer que les documents qui étaient fournis aux conseils ne comportaient pas, ou trop peu, d’informations et de données financières concernant les structures de types IdEx, LabEx ou EUR qui sont liées au PIA, concernant les fondations dénommées « Fondation Université de Strasbourg » et FRC (Fondation pour la Recherche en Chimie), ou encore concernant l’USIAS (Institut d’Etudes Avancées de l’Université de Strasbourg). La présidence de l’université a refusé explicitement de transmettre toute information supplémentaire au mépris des textes de loi qui confient aux conseils centraux le contrôle du budget de l’université et la définition de sa politique de formation et de recherche (Code de l’éducation, article L712).

L’ensemble des entités dont nous questionnons le fonctionnement et la gestion ont pris une importance cruciale sur la dernière décennie. Elles concentrent des moyens financiers importants, qui se chiffrent en millions d’Euros, alors que la contribution directe de l’Université aux budgets de ses facultés et ses laboratoires est fortement contrainte et, sans commune mesure, plus faible. (Par exemple, en 2019, l’Idex a financé à hauteur de 9 M€ les LabEx, de 2,7 M€ l’USIAS et de 4 M€ le levier recherche, quand le budget “recherche” de l’université est limité à 5M€). Ces moyens financiers sont concentrés sur quelques laboratoires ou équipes, loin d’une répartition qui permettrait de faire face aux difficultés rencontrées par beaucoup pour développer un enseignement et une recherche de qualité. Leur contrôle échappe pourtant aux conseils centraux. Bien que financées principalement sur des fonds publics et présentées comme des succès de l’Université de Strasbourg, ces entités sont gouvernées par des conseils ou des comités de pilotage constitués principalement par cooptation, où l’université n’est représentée que par son président ou un de ses vice-présidents. 

L’absence de transmission des informations budgétaires concernant ces structures interdit aux administrateurs et aux membres du Conseil académique d’avoir une vision complète des opérations pouvant avoir une incidence financière sur les comptes comme sur les activités d’enseignement et de recherche de l’Université de Strasbourg. Les administrateurs de l’université signataires de ce communiqué arrivent à la conclusion qu’ils sont empêchés d’effectuer leur mission et d’assumer leurs responsabilités que leur confie la loi, et tout particulièrement de juger de l’utilisation sincère et honnête des fonds publics confiés à l’université de Strasbourg. Ils ont choisi d’alerter Mme la Rectrice et Mme la Présidente de la 3e chambre de la Cour régionale des comptes en leur transmettant ce constat.

Dans cette période difficile, nous ne souhaitons plus entretenir d’illusion sur le rôle des conseils centraux dans la gouvernance de l’Université de Strasbourg. Nous sommes donc au regret de devoir présenter notre démission de nos mandats de membres du Conseil d’administration et du Conseil académique de l’Université de Strasbourg. 

La LPPR et l’Université de Strasbourg

L’Université de Strasbourg, première déconcentrée en 1970 et première refusionnée en 2009, a toujours entretenu un rapport particulier avec les réformes nationales de l’ESR. Elle fait partie de la dizaine de Grandes universités de recherche françaises. Membre non seulement de la CPU, mais surtout de la LERU et de la CURIF, elle participe aux réseaux d’influence les plus puissants de l’ESR. Son premier président fut nommé avant même la fin de son mandat à la Direction générale de la recherche et de l’innovation et son Directeur général des services est également président de l’Association des DGS d’établissements d’enseignement supérieur.

A bien des égards, l’Université de Strasbourg est un laboratoire de réformes, et ses dirigeants sont « des producteurs de solutions et de normes reprises par d’autres acteurs du système d’enseignement supérieur français ». Elle est parmi les premières à mettre en application l’autonomie de gestion prévue par la loi LRU de 2007 en passant aux responsabilités et compétences élargies. Elle a obtenu les premiers IDEX confirmés, comme les premières dérogations pour s’endetter. Elle est régulièrement citée en exemple au niveau national, notamment pour sa fondation et sa SATT, ou encore le modèle économique de l’ISIS. Encore aujourd’hui, elle expérimente avant les autres le « dialogue stratégique » qui sera étendu à tous les établissements dans le cadre de la LPPR

Concernant cette LPPR, plusieurs mesures sont déjà mises en œuvre à l’Université de Strasbourg. Citons notamment les « Chaires professeur junior », ou tenure-tracks, modèle que nous avons décidé de « promouvoir » dès 2017 (Article 3 de la LPPR et Conseil d’administration du 9 mai 2017 de l’Unistra) ; « les primes d’intéressement » (Article 14 de la LPPR et Conseil d’administration du 14 novembre 2017 de l’Unistra, voir aussi notre dossier), et qui permettent au président de notre université de doubler le salaire d’une liste tenue secrète de chercheurs jugés de « très haut niveau » ; ou encore le développement des fondations (Article 16 de la LPPR).

Conformément à ce qui est décrit dans la LPPR, l’Université de Strasbourg s’est déjà dotée de fondations puissantes et de filiales nombreuses, permettant à la fois d’échapper aux règles de la comptabilité publique (colloque « Fusions d’universités : bilan, retours d’expérience et perspectives »), et au contrôle des Conseils centraux de l’université (texte fonctionnement des conseils).

L’Université de Strasbourg et la LPPR se renforcent mutuellement et impulsent un mouvement. Participer aux conseils de l’Université de Strasbourg, approuver en local ces transformations, c’est donc participer de ce mouvement. Or, comme le prouve le récent épisode au CNESER, le fonctionnement démocratique national de l’ESR est totalement inopérant. Et comme le montrent toutes les analyses de la loi ainsi que le bilan de notre université, ce mouvement est contraire aux intérêts de l’enseignement et de la recherche, et de ceux qui les font. 

Il est donc désormais de la responsabilité de chaque élu des Conseils de l’Université de Strasbourg de légitimer ou non cette politique, au niveau local comme national. 

Congrès du 28/01/2020

Le congrès réunit les membres du Conseil d’Administration (CA), de la Commission de la recherche (CR), de la Commission Formations et Vie universitaires (CFVU) et du Comité Technique d’Etablissement (CTE).

Une délégation d’étudiants et de personnels titulaires et précaires a été reçue en début de Congrès pour obtenir des clarifications sur la position de la présidence de l’université vis-à-vis de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), et des suites données aux violences d’extrême droite qui se sont tenues sur le campus.

Racisme envers la présidence

Les violences ont été revendiquées par des étudiants de l’université affiliés à l’Action française et la délégation a souhaité que des mesures disciplinaires ou de justice soient prises. Le président a alors expliqué que de telles poursuites n’avaient pas encore été engagées puisqu’elles nécessitent des éléments concrets dont il dispose depuis le premier jour. 

Le président a ensuite affirmé savoir qu’on essayait de le faire passer pour d’extrême droite, alors qu’il était lui-même victime de « racisme ». Haussant le ton sur une élue, il s’est violemment exprimé contre toutes les violences, y compris verbales. Puis il s’est proposé de faire un cours sur les violences légitimes et Saint Thomas d’Aquin.

Make our planet great again (or not)

A la demande des élus AFGES, une motion « Vers une université plus verte » a été discutée pendant plus d’une heure. Il a été établi que l’urgence climatique ne souffrait plus de frilosité, pour preuve notre participation à des appels à projets, dont « Make our planet great again ».

Puis la présidence a expliqué que, dès lors que ça lui rapporterait de l’argent même de façon marginale, elle ne renoncerait à aucun partenariat, y compris avec les industries notoirement polluantes ou qui œuvrent à discréditer des travaux scientifiques sur le climat pour protéger leurs intérêts,. 

La planète et l’indépendance de la recherche sont certes importantes… Mais quand même pas autant que l’argent.

Des élus « université pour réussir » ont également proposé la dissolution complète et définitive de l’université pour réduire son empreinte carbone, mais la proposition n’a pas été retenue.

LPPR, mon amour-haine

A la demande des élus Alternative et CGT, suivis par ceux de la CFDT, une motion sur la LPPR a été discutée pendant plus d’une heure. Le fait que ses mesures allaient contre les valeurs et intérêts de l’université a rapidement fait consensus.

Mais les élus « université pour réussir » et la présidence ont refusé que le Congrès s’y oppose. Ils ont de plus fermement défendu la concurrence comme moteur de la science. Lors des discussions, le président a annoncé avec fierté avoir participé à des groupes de travail et avoir été reçu par le ministère pour y défendre la suppression des 192h, les tenures tracks et CDI de chantier, ainsi que les primes à la performance.

Prenant acte de ces échanges, le congrès a finalement adopté une motion amendée, que la Présidence n’a diffusée ni aux personnels, titulaires ou précaires, ni aux étudiants, et encore moins au ministère quand bien même c’est son devoir.

Le DOS au mur

Un document d’orientation stratégique (DOS – accès par la GED mais probablement pas pour les personnels de l’université) pour la période 20-30 a été approuvé par le Congrès. Issu d’une « démarche résolument participative » pour laquelle la présidence regrette « la faible participation », il s’adosse à la consultation « CAP 20-30 » sans en reprendre les propositions. La présidence s’était engagée à en faire une synthèse et à les soumettre au vote de la communauté, mais a estimé ne pas avoir les moyens techniques d’organiser un vote et n’a pas fait de synthèse. 

D’après la présidence, approuver la phrase « Renforcer son autonomie financière, en tirant pleinement parti […] des perspectives de dévolution de notre patrimoine immobilier » n’a aucun rapport avec l’approbation de la dévolution du patrimoine immobilier. Peu convaincus, des élus ont voté contre.

Le document s’appuie sur une vision « fondée sur les valeurs qui nous définissent », mais la présidence n’a pas su présenter ces valeurs. La discussion a cependant montré que la recherche de la vérité n’en faisait pas partie.

Science ouverte : Ho oui ! Évaluez-moi plus fort !

La stratégie de science ouverte a longuement été présentée aux membres du Congrès, sans aborder la question de la bibliométrie. Les chercheurs de l’université sont désormais obligés d’utiliser un seul outil centralisé et contrôlé par la présidence pour renseigner leurs publications en vue de toutes les évaluations. 

La présidence, dans une démarche qu’elle présente de « contrition », a décidé que cet outil sera également utilisé pour les évaluations individuelles, type demandes de promotion, de changement de grade, de CRCT, de PEDR, de crédits fléchés IdEx, etc. (auxquelles la présidence souhaite également assujettir les revenus et temps de travail des personnels – voir LPPR, mon amour-haine).

La présidence a ensuite affirmé avec force que cet outil ne serait pas utilisé pour les évaluations individuelles. Elle a exclu toute utilisation bibliométrique, mais annonce n’avoir prévu aucun dispositif de prévention contre les utilisations bibliométriques. 

Enquête auprès des personnels de l’Université de Strasbourg

La présidence n’a pas souhaité présenter l’enquête menée auprès des personnels de l’université de Strasbourg, qui montre que 6 personnels sur 10 estiment que leur conditions de travail se sont dégradées depuis la fusion et se déclarent pessimistes sur l’avenir.

Pour raison, la présidence avance l’absence de demande de présentation en Congrès dans le mail que voici :

NB : Ce résumé n’est pas parodique.

Motion du Congrès de l’Université de Strasbourg à propos de la LPPR

Le Congrès de l’Université de Strasbourg réuni le 28 janvier 2020 est inquiet quant aux perspectives que dessine l’avant-projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Plusieurs éléments actuellement proposés sont en effet de nature à porter un préjudice irréversible à la recherche publique : concentration accrue des financements sur quelques établissements et équipes, choix de privilégier les financements sur projet au détriment de financements récurrents pour refinancer l’ESR, modulation des services des enseignants-chercheurs, arrêt des recrutements d’enseignants-chercheurs et d’autres personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche  titulaires au profit de recrutements temporaires et précaires.

Par conséquent, le congrès s’oppose à tous ces éléments qui remettraient en cause les principes suivants :

1/ Toute politique de recherche suppose que soit garanti le principe de liberté et de pluralité des activités académiques et scientifiques et d’en assurer la mise en œuvre par des financements récurrents et importants.

2/ Une politique des sciences doit se fonder sur une approche coopérative de la production de la connaissance et non pas seulement sur la mise en concurrence systématique des laboratoires et des personnes qu’induisent les instruments de sélection par appels à projets.

3/ Toute politique de recherche doit s’appuyer sur un plan ambitieux de recrutements de titulaires (enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATSS et IT) permettant au minimum de revenir aux effectifs de 2005 et de résorber une précarité endémique des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur, nuisible non seulement à leur qualité de vie mais aussi à la production et à la diffusion scientifique.

Motion adoptée à l’unanimité des membres du Congrès de l’Université de Strasbourg, le 28/01/2020

Congrès du 25/06/2019

Le 6ème congrès de la mandature 2017-2020 s’est tenu le 25 juin 2019. Les élus des conseils centraux (CA, CFVU, CR et CTE) ont siégé mais ils n’ont pu modifier aucune proposition de délibération. Aucune décision n’a été prise par le congrès. 

Communiqué de la CPU

Suite au communiqué de la CPU du 23 mai dernier et à notre lettre ouverte à Michel Deneken, les élus “Alternative” ont demandé que le congrès se prononce sur les propositions de la CPU. Le congrès, réunion de tous les élus des conseils centraux, est légitime à se saisir de cette question. Le président a refusé qu’une discussion ait lieu au congrès. Il a rappelé qu’il était favorable aux propositions, notamment sur les 192h de service statutaire, les recrutements et promotions des personnels. (cf. ses premières déclarations lors du CA lien vers PV).

L’intersyndicale de l’Université a lancé une consultation ouverte à tous sur les propositions de la CPU. Le président salue l’initiative. Mais il refuse d’envoyer un message à tous les personnels pour les encourager à répondre. Il propose un débat à la rentrée ouvert à toute la communauté universitaire, sous la forme d’une assemblée générale.

La lettre d’orientation budgétaire (LOB)

Après s’être positionnée favorablement à la suppression des services statutaires des enseignants-chercheurs sans donner de raisons précises, l’équipe présidentielle a présenté un nombre inquiétant de projets nécessitant des investissement sur fond propres. Elle a ensuite appelé l’ensemble de la communauté à  faire des économies ou à trouver des ressources propres en louant des bâtiments (plutôt qu’en les mettant à disposition gratuitement), en vendant des formations (plutôt qu’en exonérant de droits d’inscription des étudiants) ou en valorisant nos activités de recherche (plutôt qu’en développant des collaborations scientifiques).

La présidence a indiqué qu’il était difficile d’augmenter les ressources propres et que nos dotations relatives allaient très certainement baisser. Elle n’a pas su indiquer quelles seraient les priorités à financer, ni les sources d’économie à faire. Elle s’est ensuite de nouveau prononcée en faveur de la suppression des services statutaires des enseignants-chercheurs.

Consultation #CAP2030

La présidence regrette que la consultation n’ait pas été plus suivie (552 participants au total). Elle note la quasi-absence des enseignants-chercheurs, sans donner de clé d’explication ni savoir comment y remédier. Selon elle, il faudrait une enquête supplémentaire. Elle regrette que les propositions n’aient pas été plus stratégiques. La synthèse de l’enquête est disponible sur un site dédié https://cap2030.unistra.fr/. Chacune des propositions, pour leur grande majorité, n’est soutenue que par une ou deux personnes ; la plupart portent sur des mesures qui restent loin des grands enjeux stratégiques, des investissements financiers et des choix lourds que va devoir faire l’université de Strasbourg. La présidence veut cependant voir dans cette consultation un acte important de démocratie participative.

Nous avons ensuite discuté de la possibilité de se retirer de la course à la publication. La présidence n’a pas su dire clairement si notre université était capable d’en débattre et de la mettre en oeuvre si elle était approuvée. 

Dès lors, il faut s’interroger sur notre capacité d’auto-détermination. Sommes-nous encore une université, ou bien sommes-nous devenus une forme d’entreprise publique locale d’enseignement et de recherche ?

Congrès du 29/01/2019

Le congrès (réunion des instances décisionnaires, CA, CFVU, CR et CTE) est l’instance où sont proposées et débattues, deux fois par an, les grandes orientations de l’Université.  

Conformément à la conception de la démocratie universitaire du président Deneken, le Congrès du 29 janvier dernier s’est réduit à un lieu d’information.

Son déroulement a de nouveau mis en évidence des problèmes de fonctionnement : ont été ainsi refusées par la présidence deux demandes de mise à l’ordre du jour de points proposés par des élus, ainsi qu’une demande d’accès au verbatim des précédentes réunions.

Augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers

Le président de l’université a pris la décision d’une position publique individuelle. Ainsi, le Congrès n’a pas pu débattre sur le fond de cette mesure et n’a pas pu voter sur cette mesure. C’est pourtant son rôle principal, puisqu’il réunit les représentants des trois grandes fonctions de l’université : Enseignement, Recherche et Administration.

Par cette manoeuvre, le président aura donc privé l’université de se prononcer sur une mesure structurante, non seulement pour notre établissement, mais pour tout l’Enseignement supérieur et la recherche. Le président a pourtant lourdement insisté sur le fait que notre université était observée de près à l’échelle nationale. La position personnelle de notre président va donc peser sur l’orientation de notre politique d’ESR.

Comme il est indiqué dans le communiqué du président et comme les discussions l’ont explicitement confirmé en Congrès, cette position peut se résumer ainsi :

  • Il n’y a strictement aucune opposition au principe de l’augmentation des frais d’inscription pas plus qu’à une augmentation différenciée pour les étudiants étrangers.
  • L’opposition se cristallise exclusivement sur l’utilisation de ces frais d’inscription, que le ministère voudrait utiliser au financement du plan “Bienvenue en France” et non pas à l’augmentation des budgets de la présidence.
  • Le report de cette hausse est utilisé comme un simple levier de négociation.

Malgré les titres raccourcis lus dans la presse, en l’état, l’Université de Strasbourg appliquera donc bien les décisions ministérielles relatives à la hausse des frais d’inscription des étudiants étrangers.

Cette prise de position publique aura surtout pour effet de rassurer les collègues concernés par ce changement radical de modèle d’enseignement supérieur et dont la mobilisation risquait de contraindre la présidence de l’université à se conformer à nos valeurs humanistes.

Cette position questionne effectivement la politique de “premier de la classe” adoptée par notre université. Le moment où cette stratégie est en opposition frontale avec ses valeurs et intérêts concrets est arrivé. L’issue de ce conflit conditionnera ce que sera notre université, et donc ce que nous serons, “nous”.

Aujourd’hui, seule une mobilisation des directeurs de composantes et d’unités de recherche, par suspension de leur responsabilité administrative, comme à Nancy, pourra infléchir cet état de fait.

Paiement des vacations

Lors du Congrès du 21 juin 2016, nous nous étions engagés à payer les vacations dans un délais de deux mois, comme nous l’impose une circulaire. Cependant, des dysfonctionnements graves continuent d’être relevés, y compris dans la presse, comme des enseignements effectués hors de toute signature de contrat de travail.

Les tentatives de résolution par les voies normales s’étant soldées par un échec, l’établissement d’un rapport de force a été nécessaire pour obtenir une réponse.

Cette réponse indique simplement qu’il s’agit d’un problème ponctuel dans une composante particulière. En l’absence de “retour négatif” dans d’autres composantes, la présidence considère qu’il n’existe en réalité pas de problème.

Point 2. Election VP VU – Marine Stoffel (Fac de médecine – IEP)

Après nous avoir présenté son programme, Marine Stoffel, élue au CA sur la liste AFGES, a été élue Vice-Présidente Vie Universitaire de notre université. Elle est ainsi la seule VP issue d’un conseil central d’élus.

Faits marquants, elle s’est engagée à mettre en place une enquête continue de mesure des conditions d’étude. Cette étude pourra mesurer notamment l’impact de la hausse des frais d’inscription sur nos étudiants.

Elle s’est également engagée à présenter un bilan en fin de son mandat. Il a été noté que seule cette vice-présidente s’était engagée à un tel bilan.

Point 3. Projet stratégique d’établissement H2030

Le principe et les thématiques d’une grande consultation ont été soumis à l’approbation du Congrès. Il s’agit de consulter le plus grand nombre d’acteurs de notre université pour définir un projet stratégique pour 2030, notamment en vue des élections universitaires de 2020.

En réalité, le projet était déjà abouti, et il n’était pas question de l’infléchir. Ainsi, on pourra regretter l’utilisation d’une plateforme privée pour 25k€, en lieu et place de 6 mois d’ingénierie locale. On regrettera surtout que différentes suggestions, venant de tout bord, n’aient été retenues.

Notamment, il a été établi qu’il était inutile d’établir un plan stratégique dès lors que notre stratégie de “premier de la classe” nous contraignait à nous soumettre aux décisions stratégiques ministérielles. Ainsi, les stratégies d’internationalisation sont caduques, dès lors que nous devons augmenter les droits d’inscription des étudiants étrangers ou que nous répondons à un appel d’offre pour construire une université européenne (voir ci-après). La proposition d’ajouter une thématique “autonomie et stratégie locale” a été rejetée.

De plus, il a été établi que pour pouvoir réellement éclairer les décision des conseils, les propositions devaient être hiérarchisées et qu’une telle hiérarchisation ne pouvait être faite que par la communauté, par vote sur les propositions issues de la consultation. Cette proposition a également été rejetée.

En l’état, cette consultation permettra donc d’élaborer le programme électoral de l’équipe dirigeante sans pour autant pouvoir servir à infléchir sa politique pour notre université.

Point 4. Université européenne

Le Congrès a dû se prononcer sur une lettre de mission conduisant à répondre à un appel à projet pour la construction d’une Université européenne. Le document qui nous a été transmis la veille ne permet pas de comprendre l’objet d’une telle université.

Doté de 5M€ pour 3 ans et pour 8 partenaires, si le projet est retenu, il permettra donc d’obtenir en moyenne 200k€ par an et partenaire.

L’initiative n’est pas sans rappeler l’Article 11 du Traité d’Aix-la-Chapelle, qui dépasse largement les questions universitaires. Au lieu de faciliter la collaboration entre universitaires européens ayant des projets d’enseignement ou de recherche communs, l’Université de Strasbourg participe donc d’une politique venue d’en haut dont le rapport avec nos missions est difficilement identifiable.

Tous les points ont été adoptés.