Les élus Alternative ont saisi l’occasion du Conseil d’administration pour présenter leurs inquiétudes face à la crise. Ils estiment qu’il est nécessaire de prendre la mesure de la situation avec réalisme :
- le confinement augmente la charge et dégrade les conditions de travail, et qu’il est donc déraisonnable de demander à la fois de continuer à délivrer tous les cours et de mener toutes les évaluations ;
- que cette continuité de service sans priorité claire peut mener à des épuisements ou des sentiments de mal-faire qui menacent le bien-être des étudiants et personnels ;
- que dès lors que des étudiants, notamment les plus fragiles, ne sont plus en mesure d’assister aux enseignements, les conditions d’égalité de traitement ne sont plus garanties, notamment pour les évaluations ;
- que la communauté a besoin de consignes générales concernant les trois points susmentionnés, non pas pour contraindre, mais pour assurer et rassurer, tant les étudiants que les enseignants confrontés à ces problèmes bien réels ;
- et qu’il convient de prévoir dès maintenant la gestion de la sortie de crise, puisque les étudiants et personnels seront occupés et préoccupés au moment du déconfinement par d’autres soucis que professionnels.
Cependant, la présidence estime pour sa part, que :
- « il ne [lui] semble pas qu’il y ait d’opposer enseignement à évaluation, continuité du service à bien-être personnel. » ;
- « il n’y a pas de lien direct entre la validation des acquis et la vérification de l’assiduité. Cette dernière reste d’ailleurs globalement vérifiable, de manière variable selon les circonstances. » et « tous les étudiants doivent pouvoir être en mesure de valider leur semestre. » ;
- « il serait absurde, donc, que l’on donne des consignes générales : chaque enseignant voit ce qu’il peut faire. » ;
- « il serait prématuré de répondre [à la question de la sortie de crise] faute d’informations sur la date et les modalités du déconfinement. ».
Le traitement des questions susmentionnées est donc renvoyé à la communauté, par la présidence qui se réserve un droit de contrôle via la CFVU, sans assumer sa responsabilité de prescription et de protection. La présidence ne prévoit d’ailleurs pas l’adoption d’un plan de continuité pédagogique, doute de l’existence d’une proportion non négligeable d’étudiants ne pouvant pas suivre les cours à distance et estime qu’il suffit d’améliorer leur accès au numérique, ne prévoit pas de de mobiliser de fonds supplémentaires en dehors d’un appel aux dons défiscalisés et n’a pas travaillé à la gestion de la sortie de crise.
Verbatim intégral des questions et réponses :
A propos des étudiants
1/ Savez-vous combien d’étudiants sont dans le besoin matériel et psychologique ?
« Il n’est pas possible de savoir combien d’étudiants sont dans le besoin matériel et psychologique. Notre objectif n’est d’ailleurs pas de les compter, mais de les contacter et de leur proposer des solutions. »
2/ Quelles sont les mesures prises par l’université en direction des étudiants isolés qui sont dans le besoin matériel et psychologique ?
« Pour les besoins matériels nous en sommes en lien constant avec le Crous, qui est en responsabilité : après discussion avec le Crous, il est paru préférable de laisser le Crous assurer cette mission, qui lui revient ; en revanche, nous lui apporterons toute l’aide, financière et humaine notamment, requise. »
3/ L’université dispose-t-elle d’un fond d’aide d’urgence ?
- Si non, quand sera-t-il mis en place?
- Si oui, à combien se monte-t-il ?
- A-t-il été mobilisé ? si oui, à quoi ?
La présidence envisage-t-elle de mobiliser l’IDEX pour faire face à la crise ?
« Nous sommes prêts, comme la ministre l’a autorisé, à augmenter la subvention que nous lui accordons, grâce à des fonds prélevés sur la CVEC, mais ce n’est pas l’urgence. Dans l’état actuel des choses, il n’y a donc aucune nécessité de mobiliser des crédits supplémentaires, IdEx par exemple, ni fonds d’urgence.
Nous cherchons aussi à aider le Crous à trouver des assistants sociaux supplémentaires. Le SVU, d’autre part, va soutenir les épiceries solidaires. »
4/ Comment les étudiants en situation difficile peuvent-ils se signaler à l’université ?
« Pour les besoins psychologiques, la grosse difficulté réside précisément dans la capacité à établir un lien avec ces étudiants. Cela passe par une meilleure organisation de l’information sur le site (en cours), mais plus encore par les contacts personnels entre étudiants (également via les associations) et avec les enseignants. »
5/ Où peuvent-ils trouver l’information?
« Le CAMUS est évidemment mobilisé, mais n’a pour le moment pas constaté d’augmentation significative de son activité en lien avec le Covid-19. Sur le CAMUS, et plus largement sur l’information, le service « Communication » a mis en place une page dédiée « Coronavirus », accessible depuis la page d’accueil du site unistra, et qui le sera bientôt depuis Ernest :
http://www.unistra.fr/index.php?id=coronavirus&utm_source=unistra_fr&utm_medium=unistra_fr_homepage.
Après des premiers jours marqués par l’urgence, on est en train de réorganiser et restructurer l’ensemble des informations. Toutes les suggestions sont bienvenues évidemment : nous allons mettre en place une adresse dédiée, c’est une bonne idée (pour rappel, une adresse spécifique avait été mise en place par la DGS).
Nous préparons d’autre part une « boîte à outils », qui a été annoncée ce matin (Gardons le Lien Université-Etudiants) »
A propos des personnels
Les personnels de l’université comme les étudiants ont une disponibilité réduite pour assurer leur travail et leurs études (charge de famille, aides aux proches, actions de solidarité, maladie…). Certains collègues sont débordés sous la double charge d’organiser les enseignements à distance et les contrôles des connaissances à distance. Cette double charge incombe aussi aux étudiants qui doivent à la fois suivre les enseignements et passer des examens à distance. Les risques sont de ne pouvoir faire bien ni l’un ni l’autre et d’augmenter encore le stress de la communauté.
- Quelle est la priorité préconisée par la présidence dans l’éventualité où les collègues doivent choisir entre
- La présidence recommande-t-elle de faire
- moins d’enseignement ou d’évaluations à distance mais de les faire bien, ou
- plus d’enseignement et d’évaluations à distance mais moins bien ?
- Pour la présidence, la priorité est-elle
- au bien-être physique, psychologique et social des personnels et étudiants, y compris au sein de leur foyer, ou bien
- à la continuité de service ?
« Il ne nous semble pas qu’il y ait d’opposer enseignement à évaluation, continuité du service à bien-être personnel. »
Comme nous sommes dans une situation inédite, la question n’est pas de faire plus ou moins : nous devons, pour la plupart d’entre nous, dans l’urgence, dans des conditions difficiles, inventer comment faire autrement. La poursuite des activités d’enseignement est même une façon tout à fait essentielle de maintenir le lien social dont nous avons tous besoin. Beaucoup d’étudiants en sont d’ailleurs demandeurs et sont heureux de l’attention, souvent plus personnalisée, que les enseignants peuvent leur accorder dans ces moments.
C’est ce que l’immense majorité des enseignants essaie de faire : faire autrement, pour, malgré la crise, malgré les difficultés, continuer à faire progresser les étudiants, leur permettre d’avancer dans l’acquisition de connaissances et de compétences.
Sans, cela va de soi que, personnels comme étudiants ne puissent être attentifs à leur bien-être, en toute circonstance et a fortiori dans cette période de crise.
Il serait absurde, donc, que l’on donne des consignes générales : chaque enseignant voir ce qu’il peut faire. Les décisions, notamment sur les évaluations, sont prises à tour de rôle par les équipes pédagogiques, sous la responsabilité du directeur de composante, et in fine par la CFVU. »
A propos des évaluations
Selon Madame Vidal, le contrôle de l’assiduité n’est plus envisageable, au point que ce critère est suspendu pour le versement des bourses.
- Est-il possible de valider des acquis lorsque l’assiduité, aussi bien aux enseignements qu’aux examens, ne peut être vérifiée ?
- Une solution est l’auto-validation des acquis par les étudiants, sous la supervision des enseignants. Puisque les enseignants ne sont plus en mesure de contrôler les acquis, il faut faire confiance à la responsabilité des étudiants envers leurs propres études.
- Qu’en pense la présidence ?
« On notera d’abord qu’il n’y a pas de lien direct entre la validation des acquis et la vérification de l’assiduité. Cette dernière reste d’ailleurs globalement vérifiable, de manière variable selon les circonstances. La CFVU travaille sur cette question. »
A propos des concours de recrutement d’enseignants-chercheurs
- Pensez-vous pouvoir assurer le bon déroulement des concours selon les contraintes du calendrier ministériel ?
- Si oui, de quelle manière ?
- Si non, qu’est-il prévu ?
- Pour les concours au fil de l’eau, quel est le calendrier prévu ?
« Suite à l’annonce par le ministère le 25 mars du report du calendrier de la campagne synchronisée (en lien avec report de la clôture du dépôt des candidatures au 9 avril au lieu du 26 mars), le calendrier « unistra » a été adapté pour permettre une prise de fonctions des nouveaux nommés au 1er septembre.
– Le CACr du 9 avril (dédié à l’examen des demandes de mutation prioritaire et/ou demandes de dispense de qualification) a été reporté en vue d’une mise à disposition des dossiers recevables au plus tard le 23 avril (via le module dédié CHIRON sur Galaxie). Des modalités vont être proposées aux membres du CACr (cette séance est indispensable pour permettre la poursuite de la procédure).
– Suite au sondage réalisé au début du confinement auprès des présidents de CdS, il s’avère possible d’organiser, pour la quasi-totalité des Cds, les réunions de sélection de dossiers aux dates initialement retenues pour les auditions. Les présidents ont été invités (mail adressé le 25 matin) à contacter les membres des comités de sélection pour arrêter une nouvelle date pour les auditions avec un report de la date limite au mercredi 3 juin (au lieu du 13 mai).
– Toute évolution réglementaire prise par le ministère sera immédiatement transmise aux présidents des CdS (et simultanément aux composantes) dans l’objectif de garantir le meilleur déroulement de la campagne synchronisée.
Pour les concours au fil de l’eau, le calendrier est en cours de finalisation avec l’objectif d’une prise de fonctions des maîtres de conférences le plus tôt possible (le déroulé de la procédure ne permet pas de l’envisager dès le 1er septembre). Les enseignants du second degré prendront pour leur part leurs fonctions au 1er septembre. »
« En ce qui concerne les CST (comités de suivi de thèses), voici ce qui a été indiqué aux directrices et directeurs des ED : “Les calendriers semblent pouvoir être maintenus puisque l’échéance pour les CST est fixée au 30/09 (soit dans 6 mois), date limite de la réinscription. S’il y a lieu, vous pouvez tout à fait décider au niveau de chaque ED d’une modification de la forme du CST (format du rapport à rendre en amont, format de la présentation orale, analyse sur dossier sans présentation orale, ….) tout en veillant à respecter le cadre défini au sein du collège doctoral. A nouveau, toute situation particulière pourra être traitée au cas par cas. Ainsi, il n’apparaît à ce stade pas nécessaire de modifier d’emblée l’ensemble de votre procédure pour répondre aux diverses situations qui se présenteront à vous.” »
Par un message du 2 avril 2020, la VP RH propose de reporter la date limite des auditions au mercredi 10 juin.
1- Est-ce qu’un Plan de continuité de l’activité (PCA) incluant les instructions pour la continuité pédagogique (PCP) est en cours d’élaboration ?
2- Quand sera-t-il transmis aux personnels ?
« Les vice-présidents Formation et Transformation numérique et innovations pédagogiques ont transmis aux composantes les principes généraux de la continuité pédagogique par plusieurs courriers envoyés entre le 16 et le 22 mars. La mise en œuvre elle-même appartient aux équipes pédagogiques, sous la responsabilité des directeurs de composantes. »
3- Peut-on avoir un point d’information sur les remontées des composantes concernant la continuité pédagogique, et notamment la tenue des examens ?
« Malgré la situation tout à fait exceptionnelle, les nouvelles MECC font l’objet d’un examen par la CFVU, selon la procédure habituelle (commission préparatoire, séance plénière), dans des modalités concrètes évidemment adaptées au contexte de confinement, l’ensemble de ces étapes étant concentré en une seule semaine. Il y aura autant de séances de travail que nécessaire pour que toutes les MECC nouvelles soient validées. Ceci est rendu possible grâce à une forte implication des services et des élus (notamment ceux de la commission de suivi) »
4- Comment garantir l’égalité de traitement dès lors qu’une proportion non négligeable d’étudiants ne peut pas suivre les cours à distance ?
« On pourrait discuter sur ce que c’est qu’une proportion « non négligeable ». Mais qu’ils soient en proportion négligeable ou pas, tous les étudiants doivent pouvoir être en mesure de valider leur semestre.
La première chose est d’améliorer l’accès au numérique pour les étudiants qui en auraient besoin.
La DNum a fait, avec d’autres services et avec la DGS, un gros travail pour prêter, vendredi dernier, un ordinateur à plusieurs dizaines d’étudiants qui en étaient dépourvus.
Nous cherchons à mettre en place, sans doute avec l’aide de la Fondation, une solution pour les étudiants dépourvus de (bon) réseau.
Toutefois, ces solutions ne suffiront évidemment pas, ne serait-ce que parce que d’autres problèmes se posent que l’accès au numérique (problèmes de santé, pour l’étudiant lui-même ou pour des proches dont il doit prendre soin ; problèmes de disponibilité d’étudiants mobilisés par les organismes de santé ; problèmes de concentration…) : en fonction de la date et des modalités du déconfinement nous mettrons en œuvre les solutions les plus pertinentes pour les étudiants concernés. »
5- Au moment du déconfinement, il faut prévoir qu’étudiants comme enseignants seront occupés et préoccupés. Quelles dispositions sont prévues pour cette transition ?
« La question est excellente, mais il serait prématuré d’y répondre faute d’informations sur la date et les modalités du déconfinement. Plusieurs scénarios sont à l’étude. »
A propos du paiement des vacations
Le vademecum FAQ administrative du MESRI, estime que pour les vacataires CEV « aucune action [n’est]requise » (i.e. inutile de faire un effort particulier pour accélérer les paiements) et « l’absence de service fait doit conduire à ne pas verser la rémunération ».
https://services.dgesip.fr/fichiers/VADEMECUM_MESRI_ADMINISTRATIF27_mars_vdefformate.pdf
Pourriez-vous confirmer que notre université souhaite faire mieux que ça, en payant les services prévisionnels et en les payant le plus vite possible ?
A titre personnel, je trouve que le signal envoyé par le ministère auprès de nos collègues vacataires, dont certains sont très fragiles, est très inquiétant. Cette inquiétude pourra légitimement être renforcée par le décret de 87 (vacataires) qui stipule seulement « les chargés d’enseignements vacataires peuvent assurer des cours, des TD ou des TP » sans ajouter « ou toute combinaison équivalente en formation initiale, continue ou à distance » comme le fait le décret de 84. En conséquence, le paiement des heures de vacation à distance n’est pas sécurisé.
La gestion du stress n’est pas une mince affaire dans le contexte actuel, et j’estime que notre université devra compenser le stress généré par cette annonce malhabile sinon malheureuse, en étant la plus claire et la plus généreuse possible envers ses propres vacataires, et ce sans tarder.
Pas de réponse
J’aime ça :
J’aime chargement…