Lettre d’information Covid19

Conseil d’administration

Un Conseil d’administration s’est tenu du vendredi 27 mars 9h au mercredi 1er avril 2020 14h par email, modalité qui ne permet pas la discussion. L’ordre du jour comportait deux points, dont aucun n’avait trait à la crise actuelle. La situation actuelle de l’université n’a pas été présentée par la présidence, et le Conseil n’a pas été invité à se prononcer sur cette question. Nous avons cependant pu poser des questions et obtenir certaines réponses.

CFVU

Les cfvu sont remplacées par des eventos pour voter. Les membres ont été invités à discuter par mail. La stratégie adoptée par l’université à savoir tenir les évaluations avant l’été en modifiant éventuellement les MECC n’a pas été soumise à débat.  

CR

Le 13 mars, le message suivant a été adressé aux membres de la CR : « Suite aux annonces du Président Macron, hier soir et de notre ministre Mme Vidal cet après-midi, toutes les réunions programmées prochainement : la COP Recherche, le Jury des Prix Espoirs, le conseil doctoral, la commission Recherche, sont reportées à une date ultérieure. Nous reviendrons vers vous dès que possible afin de fixer les prochaines échéances. »

Nous n’avons reçu aucun message depuis. 

Position des élus alternative

L’université est complexe et diverse, il n’existe que des cas particuliers. Cependant, nous avons dressé une liste de constats objectifs qui s’appliquent dans la majeure partie des cas :

  • Le confinement a pour conséquence une augmentation des charges de travail et une dégradation des conditions d’exercice.
  • Il sera impossible de faire autant et aussi bien que d’habitude dans ces conditions.
  • Essayer de tout faire conduira à tout faire mal et à augmenter le stress de toute la communauté.
  • L’assiduité des étudiants, au cours comme aux examens, n’est plus contrôlable.
  • L’égalité de traitement des étudiants ne peut être assurée.
  • Les connaissances ne peuvent être transmises dans les meilleures conditions.
  • Les acquis ne peuvent être évalués dans les conditions minimales de validité.
  • Contrôler les connaissances sans les transmettre n’a pas de sens.
  • Transmettre les connaissances sans les contrôler est l’essence de l’Université.
  • Les MECC (modalités d’évaluation et de contrôle continu) adoptées pour cette année sont de facto caduques.
  • Faire remonter de nouvelles MECC n’améliorera ni l’enseignement ni les évaluations.
  • Plus on attend, plus nombreux seront les étudiants et enseignants malades ou en situation difficile.
  • Le suivi des étudiants à distance n’est pas possible pour les grands effectifs. Seuls les petits groupes sont effectivement suivis, non sans difficulté. 
  • L’accompagnement des étudiants à distance accentue les inégalités entre étudiants.

Sur la base de ces constats, les élus Alternative adoptent la position suivante :

Puisqu’il faut choisir, les élus Alternative réaffirment un ordre de priorité : d’abord la santé, ensuite la solidarité, après l’enseignement, enfin les validations. A cet égard, ils choisissent la transmission plutôt que le contrôle des connaissances. 

  1. Neutralisation des MECC actuelles et suppression de la remontée en urgence des MECC modifiées : plutôt que d’obliger les enseignants à transmettre les MECC à la présidence, il sera plus efficace de faire confiance aux enseignants pour transmettre ces MECC à leurs étudiants en concertation avec leur équipe pédagogique. 
  2. Accepter le changement présent et organiser l’après : plutôt que de réagir au jour le jour en s’épuisant à maintenir une impossible normalité, prendre la mesure de la situation notamment pour les évaluations confinées (voir le Vadémécum « évaluation confinée »), et penser dès à présent à prendre en compte ce semestre extra-ordinaire dans les années d’étude suivantes.
  3. Rendre service : mobiliser notre énergie à transmettre nos connaissances, et mobiliser ces connaissances à documenter la situation et à réfléchir sur ses conséquences. Utilisez les différents outils à disposition pour échanger au sein de la communauté universitaire mais aussi en dehors, pour rendre service en dehors des normes scolaires qui viennent de voler en éclat.

Lettre d’information fin 2017/2018

Pour notre université de Strasbourg, cette année 2017/2018 a été riche, autant en évènements qu’en orientations politiques. Avant de vous souhaiter de bonnes vacances, nous vous proposons un retour en textes et en images sur ces 10 derniers mois.

Nous suivre sur twitter ou par notre liste de diffusion.

Parcoursup

Procédure presse

Gestion de la sécurité sur le campus de l’esplanade

Créations de nouvelles primes

Orientation politique de l’établissement

Fonctionnement des conseils

Création d’un Département de sûreté intérieure à l’Université de Strasbourg

La direction de l’Université de Strasbourg a élaboré un projet de réorganisation du service de sécurité incendie de l’Esplanade en un Service Logistique Extérieure et Sûreté (SLES) et a décidé de la création d’un Département de Sûreté Intérieure rattaché à la DALI.

Travailleront au sein de ce département des “agents de sûreté” ayant des missions particulièrement nouvelles pour une université. Selon le diaporama de présentation de la direction, les missions initialement prévues étaient : “Prévenir et lutter contre les risques liés à la malveillance (risques d’origine humaine), pour faire face aux actes spontanés ou réfléchis ayant objectif de nuire ou de porter atteinte, ou dans un but de profit. Exemple : actes d’incivilités, de malveillance, vols, agressions, actes terroristes, etc.

Après les protestations légitimes des partenaires sociaux comme des personnels concernés, ces exemples ont été revus : “vols, dégradations de locaux, incivilités, intrusions, mouvements visant à nuire aux personnes et/ou aux biens, etc. […] sensibilisation des personnels, rondes de surveillance, vigilance quant au respect des consignes, assistance aux personnes, gestion et consignation des situations délicates, etc.”.

Contexte et élaboration

La création de ce département de sûreté a été dans décidée en avril 2018, dans un contexte très particulier : notre université connaissait alors un mouvement de protestation contre la loi ORE. Cette création n’a donné lieu à aucune concertation ni consultation des conseils centraux de l’Université. Alors que l’engagement en avait été pris, il ne sera finalement pas présenté en Conseil d’administration. La création de nouvelles missions l’intéresse pourtant.

Les personnels concernés se retrouvent ainsi, contre leur gré, à devoir exercer un tout autre métier que le leur, pourtant indispensable à la sécurité des bâtiments et des personnels contre les incendies.

Le fait est suffisamment grave pour que, pour la première fois, les membres du CHSCT le 4 juin, puis du CTE le 28 juin, aient unanimement refusé de voter ce projet de réorganisation.

Pertinence

Quelle est la pertinence, pour une université, de développer ce type d’activité ?

La création d’une mission de sûreté n’est pas une décision anodine. L’inclusion initiale de missions de police, de renseignement et de surveillance est très inquiétante. Et l’absence totale de consultation des instances décisionnaires devrait nous interroger toutes et tous : Quelle Université de Strasbourg voulons-nous? Comment voulons-nous en décider ?

Lettre d’information de juin 2018

La durée des thèses, critère de performance de la formation doctorale ?

Lors de la séance de la Commission de la Recherche (CR) du 13 juin dernier, la vice-présidente recherche et formation doctorale a présenté le nouveau mode de répartition des contrats doctoraux d’établissement entre les écoles doctorales (ED) de l’Unistra. Un critère censé évaluer la performance de la formation doctorale a été introduit pour ventiler près de 20% du nombre des contrats. Il revient à mettre en concurrence les ED par domaine en se fondant sur un indicateur qui mesure essentiellement… la durée des thèses !

Malgré plusieurs réactions (lettre ouverte, pétition, analyse, motion) en amont de la séance, alors même que les documents ont été transmis très tardivement aux élus, la CR n’a pu s’exprimer par un vote sur cette décision. Si une concertation large devrait sans doute être menée, ce n’est sûrement pas en imposant de manière autoritaire un mode de calcul discutable qu’il faut aborder la question. La décision est grave puisqu’elle diminue les financements de la recherche pour des disciplines importantes (Droit mais aussi Mathématiques, sciences de l’information et de l’ingénieur) sans aucune évaluation de la pertinence du critère employé.

Cet épisode est parfaitement révélateur des évolutions récentes de l’ESR en général, de l’Unistra en particulier : une prise de décision verticale sans concertation, en particulier des acteurs concernés ; un gouvernement par le chiffre, en apparence rationnel, en réalité incohérent, dont les effets pervers ne sont pas mesurés ; l’illusion selon laquelle la mise en concurrence artificielle aboutirait à une meilleure performance du système, ce qui reste à démontrer…

Et aussi…

Parcoursup : le débat

Julia Miltenberger (CA, élue sur la liste AFGES), Colin Jude (président de l’UNEF à Strasbourg), Julien Gossa (CA, élu sur la liste Alternative)

et Benoît Tock (vice-président en charge de la formation) débattent sur les conséquences de Parcoursup à l’Université de Strasbourg.

Voir la vidéo.

L’arrêté Licence

Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Arrêté Licence. On conserve le même cadrage national. Tout le monde peut y déroger. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.

Revues de presse

Débat : Les conséquences de Parcoursup à l’Université de Strasbourg

 

Le débat s’est tenu le 23 mai 2018, entre (de gauche à droite) :

  • Julia Miltenberger, Conseil d’administration, élue sur la liste AFGES ;
  • Julien Gossa, Conseil d’administration, élu sur la liste Alternative ;
  • Colin Jude, président de l’UNEF à Strasbourg ;
  • Benoit Tock, vice-président en charge de la formation.

La rencontre est présentée et animée par Pierre France, de Rue89 Strasbourg (au centre).

Résumé

Ce débat montre que l‘on peine à démontrer l’efficacité de la loi ORE et de Parcoursup en matière d’orientation et de réussite des étudiants. Cependant, chaque université peut maintenant décliner son offre de formation en fonction d’une stratégie propre. Dès lors, se pose la question de la conservation d’une offre adaptée au plus grand nombre ou du développement d’une offre de formation d’excellence en direction des étudiants les plus brillants. Se pose également la question de la conservation de la gratuité des études, ou du développement d’une offre de formation payante. Autour de ces questions, deux idéologies se font face.

D’un côté, les opposants critiques à la réforme soutiennent qu’il est impossible de développer une nouvelle offre de formation d’excellence sans baisser la qualité des formations générales. D’abord, parce que le détournement des meilleurs étudiants conduit mécaniquement à la baisse des performances des formations générales. Ensuite, parce qu’un budget contraint impose des arbitrages, dans lesquels les formations d’excellence apparaissent forcément comme de meilleurs investissements. Les moyens des filières générales ont d’ailleurs été déjà drastiquement réduits ces dernières années, jusqu’à menacer les conditions d’étude du plus grand nombre.

De l’autre côté, la présidence de l’Université de Strasbourg revendique le développement d’une offre de formation d’excellence adossée à des diplômes d’université payants. Elle estime que ce développement est possible sans baisser la qualité des formations générales ni menacer la gratuité des études. Elle estime d’ailleurs que les faibles performances actuelles de l’Université de Strasbourg en terme de réussite des étudiants sont dues au défaut de volonté des équipes pédagogiques, bien plus qu’au défaut de moyens.

Quelques chiffres sur l’Université de Strasbourg

Entre 2010 et 2017, l’Université de Strasbourg a connu les évolutions suivantes :

  • les effectifs enseignants titulaires ont été diminués de 1906 à 1793, soit -6% ;
  • la dotation d’heures complémentaire ont été diminués de 130 000 à 97 000, soit -25% ;
  • les effectifs étudiants ont augmenté de 42000 à 52000, soit +22% ;
  • les recettes sur droits de scolarité ont augmenté de 14M€ à 25M€, soit +88%.

Les droits de scolarités sont la source principale de recette propre de l’établissement, et celle qui augmente le plus, bien plus vite que le nombre d’étudiants.

Version longue

Fact Checking

Plusieurs points de désaccord factuels sont survenus lors du débat. Voici les principaux, avec quelques informations qui permettent de se forger sa propre idée.

Peut-on développer des filières d’excellence pour les meilleurs étudiants sans dégrader les conditions de travail des autres ?

A budget contraint, il est irréaliste d’imaginer qu’on puisse développer de nouvelles formations sans réduire le financement de celles qui existent. De plus, les financements par projet, qui dominent à l’heure actuelle, défavorisent naturellement les filières existantes. Enfin, le jeu de concurrence entre filières conduit naturellement à des arbitrages budgétaires en défaveur des filières générales [J. Gossa, “Parcoursup : les universités font leur marché”, EducPros, 25/05/2018]

En réalité, sans un dispositif spécifique, il est inévitable que cette différenciation conduise à une reproduction des inégalités constatées dans le secondaires, y compris de financement [J. Gossa, “Parcoursup : Quelle place pour le lycée d’origine dans le tri des dossiers ?”, EducPros, 7/03/2018].

Le financement de l’étude des dossiers de candidature par le ministère était-il de 2 minutes par dossiers ?

Au niveau national, c’est bien ce que montre le dossier de presse du ministère : “8M€ de budget, 3 millions de vœux à étudier à l’Université, à 50€ l’heure complémentaire chargée : ce budget finance 3 minutes de travail par dossier [cependant il] ne couvre pas seulement l’étude des dossiers de candidatures, mais aussi la mise en place des parcours personnalisés” [J. Gossa, “Parcoursup, le compte n’y est pas”, EducPros, 23/04/2018].

Au niveau local, la règle générale est de 1 heure pour l’étude de 30 dossiers, soit 2 minutes par dossier.

Le nombre de places à l’université a-t-il été augmenté ?

Les capacités d’accueil ont été fixées sur la base de 10% supplémentaires par rapport aux effectifs de l’an dernier. Donc en réalité, elles “n’ont pas de rapport avec un quelconque financement, ni considération pour le nombre de salles, de chaises ou d’enseignants. Elles relèvent d’une manœuvre particulièrement trompeuse.” [J. Gossa, “Parcoursup : Comment créer des places à l’Université (d’un coup de baguette magique) ?”, EducoPros, 08/04/2018]

Quel est le taux de réussite dans l’enseignement supérieur ?

Comme cela a été dit pendant le débat, réduire ce taux à celui de la Licence (indicateur public, 38% pour l’Université de Strasbourg) n’a aucune pertinence. Il est en effet indispensable de prendre le système d’enseignement supérieur dans son ensemble, notamment parce que la réorientation occupe dans notre système national une place exceptionnelle au niveau mondial [E. Charbonnier, “Taux de réussite à l’université : la situation en France et dans les pays de l’OCDE”, le Monde Campus, 15/02/2013]. [Note d’information, “Réussite et échec en premier cycle”, MESRI, 2013] donnera des informations plus précises.

Il faut donc en réalité regarder le système de formation supérieure dans son ensemble.

D’après l’INSEE “ce sont désormais environ six jeunes de la classe d’âge des bacheliers sur dix qui, chaque année, prennent le chemin de l’enseignement supérieur, avec à la clé un diplôme pour 80 % d’entre eux” [Eclairage, “Les jeunes”, INSEE, 2016]. Les raisons de cette réussite, exceptionnelle au rang mondial, sont exposées dans [R. Bodin et S. Orange, “L’Université n’est pas en crise”, Revue européenne des sciences sociales, 2013].

Il est donc parfaitement exact de dire que le taux de réussite dans l’enseignement supérieur est de 80%, contrairement à ce qu’affirment les promoteurs de la réforme.

Existe-t-il des “méthodes mathématiques permettant de prédire les réussites des étudiants” ?

A notre connaissance, il n’existe aucun méthode mathématique permettant de prédire la réussite des individus. Nous trouvons d’ailleurs ça heureux.

Une confusion est cependant entretenue entre les taux de réussite des groupes en fonction de leur filières d’origine, et les chances de réussite des individus provenant de ces filières. En effet, si l’on peut mesurer avec précision la réussite d’un groupe, ceci ne dit absolument rien sur les chances de réussite de chacun des individus qui le composent : on peut bien provenir d’une filière qui a 10% de chance de réussite et réussir, comme d’une filière qui en a 90% et échouer.

La réussite étudiante dépend-elle plus d’une volonté des équipes pédagogique que des moyens qui lui sont octroyés ?

Cette affirmation est sans assise objective. S’il est toujours aisé de trouver de petits exemples d’amélioration dans certains contextes très particuliers, cela n’en fait pas une information pertinente d’un point de vue du pilotage. Considérer “qu’il est toujours possible de s’améliorer” pour justifier la baisse du nombre d’enseignants titulaires (-6%) et de la dotation d’heures complémentaires (-25%), alors que le nombre d’étudiants augmente (+22%) ne relève pas de la bonne gestion. Cette approche empêche même de considérer la question principale : quels efforts est-il raisonnable de fournir en regard de nos moyens, et quels moyens seraient nécessaires pour fournir de nouveaux efforts ?

 

Lettre ouverte au Président de l’Université de Strasbourg

 

Cette lettre est également ouverte à la signature.


Monsieur le Président,

Notre université connaît une crise extrêmement inquiétante depuis plusieurs semaines, sans que les administrateurs de l’Université, représentants de la communauté universitaire, ne soient consultés, et encore moins écoutés.

Le 10 avril, lors de la réunion du CA, nous espérions pouvoir aborder avec vous ces tensions. Mais vous avez annulé cette séance sans même proposer qu’elle soit délocalisée.
Le 11 avril, dans un message adressé à l’ensemble des membres du CA, nous demandions l’organisation d’une séance extraordinaire du CA. Vous n’avez pas répondu.
Le 17 avril, nous avions accepté de vous rencontrer pour en discuter. Vous avez annulé unilatéralement.
Le 17 avril, dans un communiqué envoyé à toute la communauté, nous demandions à nouveau l’organisation d’une séance extraordinaire du CA. Vous n’avez toujours pas daigné répondre.
Le 20 avril, lors d’un CA réuni en formation restreinte, nous espérions pouvoir aborder avec vous ces tensions. Mais vous étiez absent à cette séance que vous aviez vous-même convoquée. Vous n’avez donné ni explication de votre absence, ni même procuration à un membre du CA.
Le même 20 avril, dans un message adressé à l’ensemble des membres du CA, nous demandions pour la troisième fois l’organisation d’une séance extraordinaire du CA. Vous n’avez, une fois de plus, pas daigné répondre.

Votre silence étonne et votre action inquiète.

Depuis le début de cette crise, vous refusez tout dialogue, y compris avec les membres du CA. Et, alors que nous demandions des gestes d’apaisement, vous vous contentez de faire intervenir la police, tout en augmentant la présence des agents de sécurité. Ces derniers filtrent les entrées des bâtiments quand ils ne les interdisent pas, parfois à des étudiants convoqués à leurs examens, parfois au mépris de la loi ou de la décence. Cette présence est excessive, en nombre comme en action.

Monsieur le Président, il est de votre responsabilité de trouver une issue à cette crise par la raison et non par la force, dans le respect des valeurs fondamentales de l’Université.
En réalité, c’est l’honneur de notre université que vous engagez.

Les élus dans les conseils centraux

Hélène Michel, élue CA
Franck Macrez, élu CA
Laurence Rasseneur, élue CA
Julien Gossa, élu CA
Christine Vespa, élue CA
Pierre Gilliot, élu CA
Barbara Weisbeck, élue CA
Anne Rubin, élue CA
Stéphane Viville, élu CR
Ariane Lançon, élue CR
Agnès Braud, élue CR
Erik Sauleau, élu CFVU
Yann Bugeaud, élu CR
Corinne Grenouillet, élue CR
Jérémy Sinigaglia, élu CR
Marc Wambst, élu CFVU
Jean-Paul Meyer, élu CR
Matthieu Boileau, élu CR

À l’Université de Strasbourg, la contradiction est-elle encore possible ?

Communiqué des élus au Conseil d’administration de l’Université de Strasbourg sur les listes Alternative.

La démocratie commence par l’écoute, se poursuit par le débat et se termine par une décision partagée par tous.

Depuis 18 mois que nous sommes élus au conseil d’administration de l’université, nous avons pu constater que ces conditions de bonne tenue du débat démocratique ne sont pas réunies. Sur tous les dossiers importants (ADUEIS, dévolution du patrimoine, grands investissements…), nous finissons systématiquement par découvrir que les décisions sont prises et suivies d’effets avant la consultation des administrateurs, qui ne sont d’ailleurs pas destinataires des informations nécessaires à une décision éclairée. Durant ces 18 mois, le conseil d’administration n’a pas pris une seule fois une décision qui divergeait, ne serait-ce qu’un tant soit peu, de celle de son Président.

La mise en œuvre de la loi ORE comme la gestion des mouvements sociaux qui traversent actuellement notre université ne font pas exception.

Nous avons dû voter la limitation des capacités d’accueil de toutes les filières, qui conduit mécaniquement à la sélection, sans écoute ni débat, sans prendre en compte la position de la CFVU qui ne les avait pas votées. Pas une seconde nous avons eu l’occasion de réfléchir et discuter collectivement du bien-fondé de cette mesure, de son impact sur notre université, sur les familles alsaciennes ou sur l’emploi local. M. Deneken, président de l’université, a coupé court à la discussion que nous avions demandée en déclarant : « L’université n’a plus les moyens d’accueillir tout le monde, certains n’ont rien à y faire » (M.Deneken, CA du 23/01/2018). C’est cette vision qui préside à la mise en œuvre de la loi ORE à l’Université de Strasbourg.

Les étudiants mobilisés contre cette vision le sont maintenant depuis deux mois.

Pour toute écoute, ils ont été agressés par l’extrême droite, puis accusés à tort d’avoir commis des dégradations dans le Palais U., avant que M. Deneken ne demande aux forces de l’ordre de les évacuer. M. Deneken déclarera sur France Inter : « Il a fallu libérer le Palais U., qui était occupé ».

Pour toute écoute, alors qu’ils se réunissent tous les deux jours en assemblée générale, ils n’ont reçu qu’une proposition d’entrevue en huis clos qu’ils ne pouvaient accepter. Cela permettra de les accuser de refuser le dialogue, alors qu’ils refusent le huis clos.

Pour tout débat, a été annoncée, hier pour aujourd’hui, une « conférence-débat » dont la tribune sera exclusivement constituée de vice-présidents de l’université convaincus par la vision présidentielle de la loi ORE. Cela permettra de se prévaloir du débat, sans venir discuter dans les AG ni ouvrir la tribune à des opposants à la vision présidentielle de la loi ORE.  Les élus Alternative regrettent n’avoir été ni consultés, ni même conviés à cette initiative tardive, mais ils y participeront tout de même de manière constructive.

Pour toute décision, ils n’ont reçu qu’un vote électronique, dont la majorité des destinataires ne sont ni informés, ni concernés, tant par la loi ORE que par les blocages, et dont la question ne porte que sur ces derniers et non sur le débat de fond. Les étudiants mobilisés ne pourront pas reconnaître la légitimité de ce vote. Opposer ainsi les uns et les autres ne représente-t-il pas le risque de tendre encore plus la situation ?

Non seulement les administrateurs de l’Université n’ont pas été consultés sur ces décisions, mais ils n’ont même pas été informés. Nous les avons découverts sur les réseaux sociaux. Nous avons pourtant demandé, le lendemain de l’annulation du CA du 10 avril, le 11 avril, l’organisation d’une séance exceptionnelle du conseil d’administration afin de rétablir le dialogue et d’apaiser la situation. Seuls les élus AFGES ont répondu aux administrateurs, indiquant qu’ils n’estiment pas ce geste d’apaisement nécessaire. Ni le président ni les membres de son équipe n’ont su répondre à notre proposition.

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas la tenue des examens. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est l’adoption de cette vision qui accepte que notre « université n’a plus les moyens d’accueillir tout le monde ». Cette vision qui trouve solution à ce manque de moyens en considérant que « certains n’ont rien à y faire ». Mais qui n’a rien à faire dans notre université ? Ceux qui ne « réussissent pas », qu’on ne sait ni définir ni identifier ? Ou ceux qui ne représentent pas une solution à ce manque de moyens ?

Ce qui se joue aujourd’hui, c’est le modèle de l’Université de Strasbourg, le modèle de l’enseignement universitaire en Alsace, et plus généralement en France. Mais à l’Université de Strasbourg, la contradiction est-elle encore possible ?

Parcoursup : La charrue avant les voeux. Que faire en pratique ?

Ce 23 janvier 2018, le conseil d’administration a voté des capacités d’accueil pour toutes ses filières, faisant entrer l’Université de Strasbourg dans l’ère de Parcoursup. Mais n’avons-nous pas mis la charrue avant les voeux ?

Il s’agit maintenant d’organiser le tri des candidatures en L1, tri qui conduit à ce que les bachelier.ère.s reçoivent trois réponses : “oui” ; “oui si” pour imposer une mesure d’accompagnement ; ou “en attente” pour celles et ceux qui ne seront pas les mieux classés. Mais mettre en œuvre une réforme qui n’est même pas encore finalisée est délicat pour les collègues enseignant.e.s dans les filières non-sélectives :

  • Pourquoi mettre “en attente” des bacheliers, alors que Il n’y a pas de sélection stricto sensu ?
  • Comment décider des “oui si” sans connaitre ni la nature ni le financement des mesures d’accompagnement qu’ils imposeront ?
  • À quoi engagent ces “oui si” avec le “contrat de réussite pédagogique” (ou “contrat individualisé pour la réussite en licence”, IRéEL) “conclu entre l’étudiant et son directeur des études” ?
  • Quel sera la compensation inscrite au référentiel des tâches des enseignants chercheurs pour l’étude des dossiers ?

Le Status quaestionis rédigé par  la vice-présidence formation pose les bonnes questions, mais sans donner de réponses définitives. Nous aurions préféré temporiser, le temps que la loi soit finalisée, et surtout que nous ayons collectivement le temps de définir et expérimenter des mesures d’accompagnements avant de s’engager en les imposants à l’aveugle à des néo-bachelier.ère.s.

À ce stade, que peuvent faire les  équipes pédagogiques ?

  • Si elles décident de ne pas investir dans Parcoursup : elles valideront simplement le classement par défaut, le résultat sera identique pour les candidat.e.s.
  • Si elles décident de prendre une année de recul avant de proposer des mesures d’accompagnement : elles procéderont à un tri rapide sans “oui si” et exporteront les dossiers. Dans un an, elles identifieront les étudiant.e.s qui auraient profité de mesures d’accompagnement et tenteront de trouver les indicateurs de divination dans les dossiers.
  • Si elles décident de donner des “oui si” dès cette année : il faut s’attendre à un travail conséquent d’analyse des dossiers. On peut s’inspirer de ce petit manuel.

Dans ce dernier cas, il faudra penser à scrupuleusement mesurer le temps passé à cette tâche. Cette information nous sera cruciale pour défendre un référentiel de tâches à la hauteur de vos besoins plutôt qu’en fonction des moyens, et c’est pourquoi nous vous invitons à remplir ce formulaire.

Retrouvez nos textes sur http://alternative2017.eu/, et notamment nos revues de presses, et suivez l’actualités des conseils sur notre compte twitter.

Lettre d’information janvier 2018

Chères et chers collègues,

L’Université de Strasbourg a pris un tournant dans sa politique de formation avec l’adoption des capacités d’accueil pour toutes nos filières en décembre 2017. Désormais, toutes nos formations auront un nombre de places limité, nous exposant à une politique budgétaire qui adapte les capacités aux moyens, plutôt que les moyens aux besoins.

La CFVU a rejeté les capacités d’accueil qui lui ont été soumises, notamment en raison de la réduction drastique des places en STAPS (500, redoublements compris, contre 660 actuellement) et du fait que ces capacités ont été définies par les services centraux et le rectorat avant qu’elles n’aient pu être transmises, et parfois même discutées, par les composantes.

Malgré ce rejet, le point sur les capacités d’accueil a été mis à l’ordre du jour du conseil d’administration en point non soumis à discussion. Le CA les a adoptées le jour même de l’adoption du « plan étudiants » par l’Assemblée nationale. Cet empressement risque de limiter le rapport de force avec le ministère, et en conséquence la part du financement de ce plan (seulement 15M€ pour toutes les universités) qui nous sera attribuée. L’avenir nous dira si cette stratégie de « premier de la classe » continue de fonctionner.

Lors du débat, beaucoup trop bref compte tenu de l’importance de la mesure, il été établi, sans démenti, que :

  • il s’agit bien d’une sélection déguisée ;
  • cette mesure ne favorise en rien la réussite des étudiants ;
  • mais conduit mécaniquement à l’augmentation des frais de scolarité, notamment par le biais du développement des diplômes propres (DU, MU…) ;
  • que cette augmentation était la véritable intention de cette mesure, comme le révèlent explicitement les MacronLeaks.

Les « attendus » n’ont même pas été évoqués, ce qui a permis de laisser de côté leur infaisabilité technique. Les mesures d’accompagnement n’ont pas non plus été réellement discutées.

À notre initiative, la charge supplémentaire que représentent ces mesures a été rapidement discutée. En effet, en plus de leur définition, il faudra bien les mettre en œuvre : étudier les dossiers de candidature des bacheliers (1000 par Licence en moyenne selon le ministère), assurer la définition puis l’animation des « mesures d’accompagnement », etc.

La réponse de la présidence a au moins été explicite : il a été décidé de n’attribuer aucun moyen à ces mesures. Elles seront assurées par « des redéploiements et des heures complémentaires ».

Un « régime d’intéressement » bien dispensable

Nous inaugurons en ce début d’année la rubrique d’expression des élus, que nous avons enfin fini par obtenir dans l’Actu.

Les derniers conseils d’administration de 2017 de notre université ont été marqués par plusieurs dossiers fortement débattus. C’est le cas du « régime d’intéressement » discuté le 14 novembre. L’enjeu de ce nouveau système de primes est important pour le futur de notre Université. Ce dispositif veut instaurer des suppléments de rémunération dans l’objectif d’attirer ou de retenir à l’Unistra quelques chercheurs jugés de très haut niveau. La décision d’attribution devrait être prise par le président de l’Université, après avis d’un comité ad hoc et tenue totalement secrète, y compris pour vos représentants élus.
Ce régime d’intéressement pose en premier lieu des questions d’ordre juridique, par exemple avec des critères d’attributions basés sur des activités liées à la recherche, à l’encontre de la circulaire ministérielle qui précise que les régimes indemnitaires « ne peuvent donner lieu à un versement résultant uniquement du simple exercice des missions statutaires de l’agent ». C’est ensuite, même si seulement quelques personnes devraient être concernées dans les premiers temps, un changement majeur de nos modes de rémunérations qui vont être individualisées et décidées par un président s’éloignant de son statut de « pair parmi ses pairs ». C’est enfin, et surtout, exemplaire d’un certain état d’esprit. Sous couvert d’excellence, on s’engage dans une politique de recrutement externe, limitée et à courte vue qui semble négliger les efforts fournis pour une recherche et un enseignement de qualité par les composantes et des personnels de notre Université.
Nous vous invitons à consulter notre dossier sur le sujet à l’adresse : http://alternative2017.eu/index.php/2017/11/07/a-qui-profitera-la-nouvelle-prime-de-luniversite-de-strasbourg/

Les élus Alternative