Revue de presse d’octobre 2017

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Lettre d’information de la rentrée 2017

Chères et chers collègues,
Cette rentrée 2017 est très particulière pour l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR), au niveau national comme pour notre Université.

Comme nous vous en informions lors de nos précédentes lettres d’information,  les choses se sont accélérées l’an dernier, et l’orientation budgétaire de notre université s’éloigne de plus en plus de nos missions fondamentales.

Une expression est largement revenue cet été pour qualifier l’Université qui serait  “à bout de souffle”, jusque dans la bouche du Président de notre université. S’agit-il de dénonciations des effets délétères des multiples réformes dont a fait l’objet l’ESR ? Ou d’un diagnostic alarmiste pour justifier une nouvelle salve de décisions contre l’ESR ?

Ainsi, se lamente-on face aux générations plus nombreuses de bacheliers qui souhaitent entrer à l’Université. Or, contrairement à ce qui se dit, il n’y a pas “trop d’étudiants”. Mais il y a un manque de locaux et d’enseignants pour les accueillir. Le défaut de moyens découle des décisions politiques, nationales et locales, qui organisent, année après année, cette pénurie de ressources, et donc de places. Rien de tout cela n’est inéluctable, c’est une question de priorité, qui se traduit par des choix politiques, nationaux et locaux :
Financer la formation de notre jeunesse ou le CICE ?
Rénover la tour de chimie pour y faire des salles de cours ou des logements locatifs ?

La sélection est vue comme une solution à au problème du manque de places. Mais ce problème a été créé par des politiques de faible investissement pour l’Université. Elle laisse imaginer que nous pourrions choisir nos étudiants et augmenter le niveau de nos formations. Mais comme il faudra accueillir tous les bacheliers au niveau des établissements, la compétition va s’accroître entre les filières sans réel bénéfice, ni pour les étudiants, ni pour les enseignants et personnels administratifs. Certaines vont attirer les étudiants les plus brillants et d’autres devront s’occuper des étudiants les plus en difficulté. Certaines pourront trouver plus de ressources, d’autres non. Faudra-t-il alors augmenter les services annuels d’enseignement et les droits d’inscription dans cette “économie de la connaissance” ainsi que certains le préconisent ?

Non, nous ne sommes pas à bout de souffle. Nous avons juste besoin d’un nouveau souffle, permettant de faire des choix différents. Nous pouvons bien décider que la formation de toute notre jeunesse vaut bien le sacrifice de quelques travaux prestigieux ou à visée commerciale. Nous pouvons bien utiliser les 8M€ de résultat positif de notre Université pour renforcer les équipes pédagogiques et éviter de perdre 24 maîtres de conférences sur une seule année.

Nos consciences professionnelles nous invitent à continuer à faire toujours plus avec encore moins. Mais n’est-il pas venu le moment où ces mêmes consciences professionnelles nous invitent à ne plus continuer ainsi ? Voulons-nous encore de cette politique ? Pouvons-nous encore la supporter, professionnellement et humainement ? Et pour combien de temps encore ?

Lettre ouverte au président de l’Université de Strasbourg

le 9 octobre 2017

 

Monsieur le Président,

Par un courriel du 5 octobre 2017 adressé aux membres des conseils centraux de l’Université, aux responsables des composantes et aux directeurs d’unités de recherche, vous demandez que « le cabinet de la présidence et le service communication soient a minima informés de toute démarche en direction de la presse ». Mieux, vous nous demandez « d’informer (n)os collègues et collaborateurs de la nécessité de mettre en œuvre » cette nouvelle procédure.

Nous avons été choqués par cette “procédure presse” qui va à l’encontre des usages universitaires. La présidence de l’université demande à contrôler « toute information concernant les domaines de la formation, recherche, vie de l’université, initiatives étudiantes ». Que l’on soit responsable de formation, de composante, d’unité de recherche, membre de l’équipe présidentielle ou membre des services centraux, il faut avertir le service de la communication et attendre son accord pour envoyer une information à la presse. Votre courriel est d’autant plus choquant que vous demandez aux directeurs de vous aider à contrôler les propos de leurs collègues.

Permettez tout d’abord que nous vous rappelions la loi : la liberté d’expression est un principe fondamental rappelé par les lois de la République et garantie par la Convention européenne des droits de l’homme. L’administration, fût-elle universitaire, n’a pas à exercer un quelconque contrôle sur les propos tenus à la presse. Le Code de l’éducation (Art.252-2) précise que « les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d’objectivité ».

Sachez ensuite que les membres de l’Université, comme de la presse, sont des acteurs conscients de leurs responsabilités. Le service de communication n’a pas les compétences nécessaires pour juger du contenu des communications des membres de l’université.

Une université pluridisciplinaire et ouverte sur le monde ne peut pas avoir une communication unique mais doit garder une diversité d’expression des opinions et de communication des résultats.

Aussi, nous vous demandons :

  • de retirer cette « procédure presse » du Service de la communication de l’Université de Strasbourg, qui n’a été validée par aucune instance statutaire, et a d’ores et déjà eu des « conséquences importantes sur l’image générale de l’Université » ;
  • de réaffirmer solennellement par un courriel envoyé à tous les personnels et étudiants de l’Université que la liberté d’expression est un principe fondamental et que la présidence de l’Université, comme le service de communication, n’entendent exercer aucun contrôle sur les formes et les contenus exprimés ;

Dans l’attente de votre action, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos respectueuses salutations.

 

Etienne Baudrier, Sandra Boehringer, Matthieu Boileau (élu CR), Agnès Braud (élue CR), Yann Bugeaud (élu CR), Thierry Burger (élu CFVU), Patricia Caille, Anaïs Collet, Patricia Cotti, Alice Debauche, Jean-Pierre Djukic (élu CR), Raphaël Eckert (élu CR), William Gasparini (élu CR), Nathalie Gettliffe, Pierre Gilliot (élu CA), Julien Gossa (élu CA), Thierry Grass, Corinne Grenouillet (élue CR), Dominique Guenot, Michaël Gutnic, Magdalena Hadjiisky, Julien Haristoy, Marcel Hibert, Denis Hoenen, Christian Jacques (élu CFVU), Jean-Marc Jeltsch, Christian Jeunesse, Audrey Kichelewski, Vilmos Komornik, Ariane Lançon (élue CR), Pierre Le Roux, Florence Lecomte, Valérie Lozac’h, Franck Macrez (élu CA), Gwenael Massuyeau, Jean-Paul Meyer (élu CR), Hélène Michel (élue CA), Sébastien Michon, Sylvie Monchatre, Zander Patricia, Fabien Paulus, Cédric Pellen, Odile Petit, Thierry Pradier (élu CR), Roland Pfefferkorn, Laurence Rasseneur (élue CA), Nicolas Roudet, Anne Rubin (élue CA), Erik-André Sauleau (élu CFVU), Sylvain Schirmann (élu CFVU), Jérémy Sinigaglia (élu CR), Adrien Thibault, Christine Vespa (élue CA), Stéphane Viville (élu CR), Marc Wambst (élu CFVU), Jean-Christophe Weber

CA du 04/07/2017

Projet de Contrat de site 2018-2022

  • Nombre de points soumis à discussion : 2 (24)
  • Nombre de points remontés à l’initiative des administrateurs : 2 (16)
  • Nombre de points non soumis à discussion : 8 (133)
  • Nombre de décisions : 0 (0)

Les points non soumis à discussion sont approuvés en bloc par un seul vote. Entre parenthèses se trouve le décompte depuis la constitution de ce CA. Le décompte du nombre de décisions n’inclut pas les approbations sans amendement de propositions soumises au conseil.

Documents en ligne : documents et PV.

Point soumis à discussion

2. Élaboration du contrat de site 2018-2022 : examen du projet stratégique de l’Université de Strasbourg et des établissements associés (p. 4 à 11)

L’objectif du contrat de site est de déterminer une stratégie au niveau des établissements du site Alsace. Chaque contrat de site dispose d’un chef de file, qui est pour le contrat alsacien l’Université de Strasbourg et ensuite, chaque établissement remplit un rôle spécifique : l’UHA est en charge de la formation, la BNU de la politique documentaire, l’INSA des métiers de l’ingénieur et l’Unistra de la recherche.

S’ensuit une discussion, qui confirme totalement notre analyse. Selon la porteuse du projet, “l’objectif est la mise en cohérence pour éviter les doublons et faire des économies” (p. 7). Ceci implique par exemple la mobilité des personnels, le VP formation “ne voit pas d’inconvénient à une répartition du service d’un enseignant entre Mulhouse et Haguenau” (p. 7) puis confirme l’intention d’“estomper les frontières entre enseignement présentiel et à distance”. En ce qui concerne la gouvernance, dont la lourdeur est expliquée ici, M. le président estime qu’elle est “d’une légèreté absolue et ne coûte pas un centime” (p. 6).

Hélène Michel note que “plutôt que de « renforcer la visibilité de la politique de la recherche », elle aurait aimé que la politique de la recherche soit renforcée ; plutôt que de « conforter le rôle de la SATT » et donc aussi les moyens pour aller chercher des financements, elle aurait préféré que les financements soient renforcés ; plutôt que de « développer l’innovation  pédagogique »,  elle  aurait  souhaité  que  les  moyens  de  la  formation  soient  développés, à commencer par les enseignants-chercheurs et les personnels BIATSS qui accompagnent la gestion des diplômes. Ces différents points l’inquiètent.” (p. 10).

Mme Roy, porteuse du projet, réplique que ces décisions sont dans la continuité du contrat de site 2012-2017. Nous demandons alors à la présidence si elle estime que les conditions d’enseignement et de recherche se sont améliorées durant cette période. Sans répondre, le VP formation s’estime “choqué par le lien fait à plusieurs reprises entre qualité de la formation et nombre de postes d’enseignant-chercheur” (p. 11).

Le contrat de site 2018-2022 est adopté à 23 voix pour, 7 voix contre et 3 abstentions, notamment du CNRS.

1. Consolidation des comptes (pp. 12 à 15)

La consolidation des comptes est une présentation budgétaire qui intègre toutes les filiales de l’Université de Strasbourg : Association ADUEIS, SATT, Fondation Université de Strasbourg, Gie CERBM, et Phenopro (entité liquidée au 31.12.2016).

Elle est considérée comme conséquence technique, qui n’est donc pas étudiée par la commission des finances. Il est discuté de l’opportunité de disposer des comptes des filiales, ce qui nous est refusé au motif que ce n’est pas une obligation légale.

Nous tentons de désamorcer l’idée que nous serions suspicieux et chercherions à tout prix des malversations, alors que notre intention n’est que de donner du sens politique, y compris aux présentations techniques, afin de pouvoir assumer notre rôle d’administrateur.

Les comptes consolidés sont adoptés à l’unanimité.

Points remontés

3.4.1 Convention Association Sportive (p. 16)

Nous proposons d’utiliser un dispositif plus pérenne qu’un IDEx de trois ans pour l’accompagnement des étudiants sportifs de haut niveau, qui n’est pas une initiative temporaire.

  1. le président propose de prendre cette remarque en compte lors des arbitrages budgétaires, et le VP formation ajoute que “le recours croissant au support numérique sera de nature, entre autres, à permettre aux sportifs de haut niveau de suivre des enseignements qu’ils ne peuvent pas suivre en présentiel”.

La convention est adoptée à l’unanimité.

3.4.2 Accompagnement au montage du projet Institut Hospitalo-universitaire en immunologie (p. 17)

Nous demandons quelle est la justification de cet accompagnement de 50 000 € par un cabinet-conseil, et si l’université ne possède pas les compétences nécessaires en interne.

Il nous est répondu que ce projet est complexe et “nécessite souvent un anglais très technique et un professionnalisme dont ne dispose pas l’université”.

Il est ajouté que c’est ce type d’accompagnement qui a permis la pérennisation de l’IDEx. Nous assistons donc à l’émergence d’un nouveau marché : celui de l’accompagnement des chercheurs pour accéder aux financements de la recherche.

Il n’est pas donné suite à notre proposition d’évaluer le coût en heures de travail des réponses aux appels à projets, mais il est indiqué que la CPU l’estime à 25%.

Points divers (p. 19)

Nous demandons à la présidence si elle est inquiète de la baisse de 3% des effectifs de maîtres de conférences en une seule année (pour une baisse totale de 6,86% depuis 2010), et de l’augmentation de leur âge moyen de 15 mois sur les 24 derniers mois.

Ces chiffres sont dans un premier temps contestés, puis minimisés, et enfin mis sur le compte du plafond d’emploi, qui n’est pourtant pas atteint et ne contraint donc en rien les recrutements.

Au terme d’un dialogue tendu, la présidence n’exprime aucune inquiétude quant à cette situation, et estime qu’il est encore possible de demander, sans risque, plus d’efforts aux enseignants-chercheurs. Il est d’ailleurs annoncé que ce sera fait, notamment sous la forme d’heures complémentaires.

Enfin, il est établi que la réforme du statut des enseignants-chercheurs est actuellement étudiée par le ministère, sur recommandation de la CPU, notamment en ce qui concerne la comptabilisation des services d’enseignement. Il est établi de plus que le contexte de cette réforme est nettement défavorable aux personnels. Cependant, M. le président “ne connaît pas les modalités pratiques et ce qu’il y aura en face de « travailler plus »”, et n’exprime ni opposition ni vigilance face à une telle réforme. Il refuse qu’une motion d’opposition soit proposée au CA, et ajoute : “Vous pourrez en déduire que j’y suis favorable”, ce qui n’apparaît malheureusement pas au PV.

Analyse du projet de Contrat de site alsacien 2018-2022

L’objectif du contrat de site est de déterminer une stratégie au niveau des établissements du site Alsace. Le “chef de file” du site alsacien est l’Université de Strasbourg, ensuite chaque établissement remplit un rôle spécifique : l’UHA est en charge de la formation, la BNU de la politique documentaire, l’INSA des métiers de l’ingénieur et l’Unistra de la recherche.

Le projet de contrat de site qui nous est proposé porte trois ruptures fondamentales qui auront des conséquences concrètes :

  • 1/ Une structure de pilotage complexe, lourde et coûteuse, sans régulation réglementaire ni comptes à rendre, qui prendra des décisions stratégiques s’appliquant à tous les partenaires et en conséquence représente une perte de souveraineté pour les établissements ;
  • 2/ Une nouvelle stratégie très risquée pour les personnels, les étudiants et les missions, notamment par :
    • une orientation des moyens sur la visibilité et la valorisation au détriment des missions fondamentales, additionnée à des orientations disciplinaires excluantes ;
    • une politique d’augmentation de l’efficacité à moyens constants malgré les efforts déjà fournis par les personnels depuis plusieurs années ;
    • un développement forcé du numérique, maintenant au coeur des politiques sans que sa pertinence d’appui aux missions soit toujours évidente, essentiellement par des approches qui ont prouvé leur inefficacité pédagogique et financière telles que les MOOCs.
  • 3/ Une mise en concurrence interne et externe au détriment de la collaboration et l’entraide, qui ont pourtant fait la preuve de leur efficacité. Cela affaiblira tout le service public de l’ESR local face à la montée en puissance de l’offre concurrente privée.

1. Structure de pilotage

L’organisation de la structure de pilotage du site se décrit ainsi : “le comité de pilotage du contrat de site se réunit au moins une fois par trimestre. Il se compose des présidents d’université et des directeurs ou administrateurs d’établissement, des responsables politiques de la recherche, de ceux de la formation et des études ainsi que des personnes en charge de la direction générale des services” (point 13) et “la conférence des présidents d’université du Grand Est se réunit mensuellement. À ces rencontres s’ajoutent les réunions des réseaux de vice-présidents par champ d’action ainsi que des directeurs généraux des services pour faciliter l’émergence de réflexions et d’actions à conduire de manière coordonnée voire commune.” (Point 15).

Il ne s’agit donc pas d’une structure de pilotage légère, qui aurait par exemple pu prendre la forme d’un congrès de coordination annuel réunissant tous les acteurs, mais d’une véritable structure de gouvernement, comportant de nombreuses instances au rythme de travail soutenu, et qui se superpose donc aux structures existantes.

Cependant, contrairement aux structures universitaires, ces structures de site ne sont régulées par aucun texte de loi, ne comportent pratiquement aucun élu, et ne sont soumises à aucune obligation, notamment en ce qui concerne le compte-rendu de leur activité ou de leurs décisions.

De plus, ce contrat porte la négation de la formule de site adoptée et de graves risques de perte de souveraineté des établissements. En effet, la formule de l’association est caractérisée par une absence de subsidiarité, chaque établissement restant souverain, et une égalité de tous les partenaires. Cependant, le contrat précise que “l’Université de Strasbourg et les établissements associés sont attachés au principe de subsidiarité” (point 11) et que “l’Université de Strasbourg [est] un chef de file” (point 5). Les fondements même de l’association sont donc bafoués par le contrat qui la régit.

Il est d’ailleurs explicitement stipulé que “Les établissements associés conservent

l’ensemble de leurs compétences et prérogatives, mais inscrivent certains volets de leur politique dans une stratégie de site” (point 5). Cependant, ces volets ne sont pas énumérés. Le contrat s’intéresse d’ailleurs à tous les volets de la politique universitaire, pour lesquels il acte de véritables orientations politiques. Par exemple, en ce qui concerne la formation :

  • Un accent particulier sera mis sur la poursuite de carrière au-delà du doctorat en développant des formations favorisant l’employabilité des docteurs” (point 44).
  • Les établissements du site s’efforcent d’autre part d’organiser leurs formations d’une manière qui réponde aux attentes des milieux socio-professionnels : c’est là un apport essentiel, dans les filières qui ne partageaient pas assez cette préoccupation, des conseils de perfectionnement” (Point 52)
  • Ils sont résolus à inciter les étudiants à s’engager dans une démarche entrepreneuriale “ (Point 53).
  • La promotion de la voie [BAC] technologique dans les IUT” (point 54)

Le risque de perte de souveraineté est donc bien réel pour les établissements, mais aussi les composantes, unités de recherche et équipes, car ces décisions stratégiques s’appliqueront à tous.

Or, il n’y a pas de garantie que ces décisions soient à l’avantage de tous, surtout que le contrat de site adopte comme granularité politique la région Grand-Est (points 9, 14, 15, 16, 21, 22, 23, 24, 25, 36, 40 et 54) et même une granularité plus large avec Eucor (point 30). Les partenaires cités dans ce contrat sont si nombreux et leur organisation si complexe qu’il est même impossible d’en faire un organigramme. À un tel niveau, il est impossible d’avoir un pilotage efficace, enraciné dans la réalité des missions, et surtout qui préserve les avantages de chacun.

D’ailleurs, certains détails sont facteurs d’inquiétude quant à l’esprit dans lequel s’effectuera ce pilotage. On peut ainsi lire que la mise en place de l’Évaluation Continue Intégrale “a obligé toutes les équipes pédagogiques” (point 58), que l’IDEx est utilisé pour des initiativesprofondément transformantes(point 4), ou encore qu’on s’apprête à développer la “bibliométrie” des chercheurs (point 64), dont les usages sont non explicités.

2. Stratégie

Orientation des moyens

Avant même l’évocation des missions fondamentales des Universités, ce projet de contrat stipule que les “lignes de développement [visent] à une forte visibilité nationale et internationale du site et à la création de valeur ajoutée pour chacun des établissements partenaires” (point 1).

Par exemple, plutôt qu’à nos missions fondamentales, les moyens seront utilisés à la visibilité et la valorisation : “la visibilité […] est amenée à prendre place au sein d’une communication commune renforcée” (point 56), alors que nous allons “travailler à la valorisation des équipements de recherche du site à travers la définition de plateformes et d’infrastructures ouvertes […] et une offre de service sera développée.” (point 49). Nous allons donc accroître les moyens alloués à la publicité, et commercialiser l’utilisation de nos équipements de recherche.

Il est d’ailleurs explicitement dit que c’est “dans le domaine de la recherche contractuelle, de la valorisation et des relations avec le monde socio-économique […] que la politique de site […] a été la plus ambitieuse“ (point 46). On peut regretter que ces ambitions n’aient pas été plus proches de nos missions fondamentales.

À cette orientation budgétaire détachée de nos missions fondamentales s’ajoute l’orientation thématique des moyens. Ainsi, il est noté que les établissements devront “s’allier pour approfondir la thématique transversale du développement durable“ (point 12) ou encore que “l’ensemble des enseignements dispensés au sein des établissements du site relève peu ou prou du développement durable et de la responsabilité sociétale.” (point 83). Cette réduction thématique, dans une quête impossible de cohérence, porte un grave risque d’exclusion disciplinaire. On ne sait comment ni pourquoi cette thématique a été choisie, mais à moyen constant, son développement ne pourra se faire qu’au détriment des autres, et notamment des disciplines qui ne pourront pas s’y conformer, comme les mathématiques par exemple. Il s’agit donc de facto d’une orientation disciplinaire excluante.

Augmentation de l’efficacité à moyens constants

En ce qui concerne nos missions fondamentales, plutôt qu’un développement des moyens, “l’ambition commune est d’accroître [l’]efficacité en matière de formation, recherche, amélioration de la qualité de la vie universitaire” (point 1).

Cela implique que “les coopérations et mutualisations engagées dans divers domaines seront poursuivies et approfondies” (point 77), et on envisage même une gratuité des transports entre Strasbourg et l’UHA “pour encourager la mobilité” (point 116).

Pourtant, on peut douter de l’efficacité des mutualisations déjà réalisées, dont le coût et les économies réelles ne sont jamais évalués. Surtout, les mutualisations, comme la mobilité, n’ont pas qu’un coût financier, mais aussi un coût humain, totalement absent de cette réflexion.

À l’Université de Strasbourg, les services sont sans cesse restructurés, obligeant les personnels à continuellement s’adapter, parfois jusqu’à l’épuisement ou la perte de sens dans l’exercice de leurs missions. Les enseignants, dont le nombre a fondu, ont déjà augmenté leurs heures complémentaires de 30% en 5 ans, de plus en plus d’heures de cours ne sont tout simplement plus payées, et nombre d’enseignants-chercheurs ne peuvent plus consacrer 50% de leur temps de travail à la recherche.. Face aux difficultés rencontrées depuis 2010, tous les personnels ont fourni des efforts exceptionnels. Ces efforts exceptionnels sont, dans ce contrat, considérés comme désormais normaux. Il est même prévu de les accentuer. À trop vouloir accroître “l’efficience”, on finit par la menacer, et faire courir de graves risques au bon exercices des missions comme aux personnels.

Développement du numérique

Avec pour ambition d’accélérer la transformation numérique des établissements d’enseignement supérieur, le projet vise à soutenir des stratégies numériques universitaires transformantes” (point 17).

C’est donc explicitement que ce contrat propose d’utiliser le numérique pour réellement “transformer” notre métier.

En l’absence totale d’objectif explicite pour cette transformation, la mise en perspective avec les points précédents permet de penser que l’objectif poursuivi est essentiellement une réduction des coûts. En d’autres termes, ce contrat porte la décision stratégique de remplacer les enseignants, dont les effectifs ont d’ores et déjà été substantiellement réduits, par des plateformes numériques en ligne.

On envisage d’ailleurs “le développement des MOOCs [et] la mutualisation pour constituer des learning centers modulables […] et des fablabs“ (point 59). Non seulement rien ne dit que le coût de ces initiatives sera inférieur à celui de postes d’enseignants, mais de plus les MOOCs sont des dispositifs dont les études montrent l’inefficacité (taux d’abandon gigantesque, méthode inadaptée à la formation initiale – cf. Antoine Compagnon. 2014. MOOCs et vaches à lait. Le Débat, 180, 170-178).

Il s’agit donc d’un exemple typique d’une décision stratégique majeure, certes visible, mais aussi coûteuse et extrêmement risquée, qui s’imposera à tous les partenaires, quel que soit l’avis des équipes pédagogiques qui seront contraintes de la mettre en oeuvre sinon touchée par la réduction des moyens attribués à leurs missions.

3. Mise en concurrence

Ce contrat prévoit que “les partenaires du site s’accordent pour reconnaître l’enjeu majeur associé à la poursuite d’une véritable politique scientifique du site.” (point 37) et que “le grand apport du contrat de site est de permettre un pilotage commun de la construction de l’offre de formation.” (point 50).

Recherche et formation seront donc pilotées au niveau du site, dont la politique “vise au rapprochement et, grâce à la différenciation, à la complémentarité des stratégies” (point 37) et “permet de transformer les éventuelles concurrences entre formations des différents partenaires en complémentarité (point 50).

En d’autres termes, il sera décidé, au niveau du site, de la localisation de telle ou telle discipline, en formation comme en recherche, pour atteindre la différenciation et la complémentarité. Il y a donc de facto une mise en concurrence des établissements pour maintenir ou obtenir ces disciplines, toutes n’ayant pas la même “visibilité” ou le même “potentiel de valorisation”.

Les rôles de chacun sont d’ailleurs explicites dans le document : « Parmi les leaders mondiaux en chimie supramoléculaire, [l’Université de Strasbourg] dispose d’un très grand spectre disciplinaire qui inclut les sciences religieuses et de fortes traditions dans des disciplines rares (papyrologie, langues et civilisations orientales, etc.)” (point 4) alors que “l’UHA se caractérise par une stratégie axée sur la professionnalisation, le transfrontalier et l’innovation” (point 5).

Ce contrat permettra donc d’argumenter pour priver l’UHA du développement d’une discipline rare ou fondamentale, et lui faire supporter une partie de la charge de professionnalisation de l’Unistra.

L’Alsace, et plus avant la région Grand-Est qui est en ligne de mire de la politique de site, sont pourtant des territoires assez étendus pour que des disciplines identiques, y compris rares, y soient développées dans plusieurs sites. On sait qu’éloigner les formations désavantage essentiellement les étudiants disposant de peu de ressources, dont le potentiel sera donc gâché. On sait également que la science ne se construit ni par la concentration des personnes, ni par la concurrence politique, mais par la confrontation d’idées développées dans des contextes stabilisés.

Ce contrat de site instaure donc une stratégie risquée, qui, sous couvert d’improbables économies budgétaires, vise à réduire la diversité disciplinaire et territoriale qui fait la richesse intellectuelle de l’Université. Ce recul représente l’ouverture d’un secteur d’investissement pour l’offre privée de formation, mais aussi de recherche, qui se développe actuellement à une vitesse impressionnante. Cette offre privée risque donc fort d’être la première bénéficiaire de la mise en concurrence interne des établissements partenaires signataires de ce contrat de site.

CA du 27/06/2017

  • Nombre de points soumis à discussion : 3 (22)
  • Nombre de points remontés à l’initiative des administrateurs : 2 (14)
  • Nombre de points non soumis à discussion : 47 (125)
  • Nombre de décisions : 0 (0)

Les points non soumis à discussion sont approuvés en bloc par un seul vote. Entre parenthèses se trouve le décompte depuis la constitution de ce CA. Le décompte du nombre de décisions n’inclut pas les approbations sans amendement de propositions soumises au conseil.

Documents en ligne : documents et PV.

Point soumis à discussion

3.2 Point d’étape global Eucor – Le Campus européen et les orientations stratégiques à venir (pp. 6 à 8)

Ce point soumis à discussion n’est qu’un point d’information.

3.3 Désignations de deux représentants supplémentaires du CA à la CAMA (p. 8)

Ce point est approuvé à l’unanimité.

Points remontés

4.5.3 Equipement EASE (pp. 8 à 10)

Le coût de ce projet s’élève à 27,2 M€, dont 8,2M€ pour les équipements. Cependant, le financement privé des équipements n’est atteint qu’à 55%. Une solution est recherchée auprès de la caisse des dépôts et consignations. En attendant, les équipements ne seront pas disponibles. En revanche, l’industrie pharmaceutique espère disposer d’une “vitrine” et souhaite apporter du “conseil”.

Les membres du conseil d’administration sont invités à une visite des locaux, et même à y tenir une séance.

Le point est adopté à l’unanimité.

4.8 Direction des Ressources Humaines : modification des règles de recrutement des personnels enseignants-chercheurs contractuels indiciaires du second degré de l’Université de Strasbourg, en matière de rémunération, pour tenir compte du dispositif de « transfert primes/points », mis en œuvre pour les personnes titulaires à compter de 2017, dans le cadre du protocole « Parcours Professionnels, Carrières et Rémunérations (PPCR) (p. 10)

Sans discussion, le point est adopté à 35 voix pour et 2 voix contre.

Point divers

Nous revenons sur l’explosion du nombre de D.U.. Il fera bientôt l’objet d’un suivi.

Puis nous regrettons le nombre de points à l’ordre du jour (52) qui ne permet pas de travailler sérieusement. Rien ne sera fait pour le réduire.

CA du 09/05/2017

Définition stratégique de l’Université

  • Nombre de points soumis à discussion : 7 (19)
  • Nombre de points remontés à l’initiative des administrateurs : 2 (12)
  • Nombre de points non soumis à discussion : 18 (78)
  • Nombre de décisions : 0 (0)

Les points non soumis à discussion sont approuvés en bloc par un seul vote. Entre parenthèses se trouve le décompte depuis la constitution de ce CA. Le décompte du nombre de décisions n’inclut pas les approbations sans amendement de propositions soumises au conseil.

Documents en ligne : documents et PV.

Résumé

Le PV de cette séance confirme en tout point la lettre d’information de mai 2017. Alors que la priorité de l’établissement était jusqu’ici la préservation des missions coeur de métier ordinaires, l’Université opère maintenant un changement profond de stratégie pour s’adapter à un marché ouvert de l’ESR par une logique d’exception :

  • de rares postes contractuels mieux rémunérés plutôt que des postes de fonctionnaires en nombre suffisant ;
  • de grands projets immobiliers plutôt que l’entretien de l’existant ;
  • le financement de grands projets de recherche plutôt que la réaffirmation de la liberté des chercheurs.

Points soumis à discussion

2.1 Rapport annuel 2016 du comité d’audit (pp. 6 à 8)

Le principal rôle du comité d’audit est d’éclairer les administrateurs sur la connaissance que l’université a de ses risques et d’apporter des conseils pour contribuer à maîtriser ces risques.

Le rapport annuel 2016 indique un nombre de recommandations particulièrement élevé pour la fonction communication (16), mais ces recommandations ne sont pas publiques. (p. 7)

De plus, “Le comité d’audit relève que la poursuite de la maîtrise de sa situation financière lui permet de dégager certaines marges de manœuvre. Il reste déterminant que l’université se concentre sur des orientations responsables en la matière. […] Il s’agit là des équilibres financiers qu’il faut continuer à maîtriser sans toutefois nuire à la qualité de

l’offre de formation, à l’accueil pédagogique et à l’implication dans la recherche.” (p. 7), en d’autres termes, les orientations responsables favorisent les missions coeur de métier ordinaires de l’université.

Le rapport est adopté à l’unanimité.

2.2 Renouvellement du médiateur de l’université (pp. 9 à 11)

  1. Hugues DREYSSE est élu à ce poste malgré les réserves émises en raison de ses précédents mandats de Vice-Président Ressources-Humaines.

Cette désignation est approuvée à 23 voix pour, 9 contre et 2 abstentions.

2.3 Approbation du Projet Annuel de Performance de l’établissement 2017 (pp. 11 à 15)

Le projet annuel de performance de l’établissement (PAPé) est habituellement annexé au projet du budget, ce qui n’a pas été le cas en décembre 2016. Il s’agit d’une obligation légale de la “loi LOLF, votée en août 2001, qui instaure la performance dans les fonctions publiques en vue d’une adaptation à un marché ouvert”. La majorité des indicateurs atteint la cible fixée par le ministère, cependant certains sont sous le seuil de vigilance ou d’alerte, comme par exemple le “taux d’endo-recrutement des professeurs” (2/3 depuis 2014 alors que la cible est de 1/3 (p. 13)), sans que l’établissement ou le ministère ne prenne de mesure. En réalité, il ne s’agit pas d’un outil de pilotage, mais d’un outil d’évaluation de l’adaptation au marché : alors que la plupart des ressources propres baissent (-40% de taxe d’apprentissage, -50% sur les autres subventions), les recettes sur droits d’inscriptions augmentent 2 à 3 fois plus vite que le nombre d’étudiants, grâce au développement des DU (p. 14). Il permet de connaître les perspectives de renforcement de l’autonomie de l’établissement.

Le PAPé est adopté avec 27 voix pour et 7 abstentions.

2.4 Bilan d’activité de la SATT (pp.15 à 17)

L’intérêt de la SATT, structure de droit privé alors que l’Université possède déjà un service de valorisation, est de “fonctionner sur un système de contraintes moins lourd que la gestion dans le secteur public [pour] une capacité de réactivité plus importante”. De plus, “la capacité d’investissement oscillait entre 800 k€ et 1 M€ par an ; elle a été multipliée par 7 au sein de la SATT Conectus” grâce à l’augmentation des fonds injectés dans le dispositif (p. 16). “[L’Université] est actionnaire à 26 % du capital” et ses représentants sont le VP Valorisation et relations avec le monde socio-économique et le Directeur Général des Services. Le Conseil d’Administration n’y a pas de représentant et n’a aucun contrôle sur cette structure (p. 17).

2.5 Plan pluriannuel d’investissement (PPI) – Mise à jour 2017 (pp. 17 à 22)

Le plan pluriannuel d’investissement (PPI), mis à jour, complète le budget primitif 2017. Afin de permettre aux entités de l’université d’engager les travaux et de les terminer avant la fin de l’année civile, il est présenté avant le budget rectificatif.

Il est important de noter que “ce PPI n’est possible que parce que le résultat de l’université est positif” (p. 17). En d’autres termes, il relève d’une logique d’exception :

  • il est financé par les économies faites sur le fonctionnement de l’Université (8M€ par an depuis 3 ans, soit plus de 100 ans de salaire de MCF) (p. 21) ;
  • il se concentre sur une petite partie de la communauté : “pas de saupoudrage” (p. 17) “même si ce PPI ne couvre qu’une petite partie des demandes, il est important pour ceux qui en bénéficient” (p. 18) ;
  • il prévoit de diviser par 4 les “investissements pédagogiques” (p. 49) et de multiplier par 10 le “Complément Opération Campus”, qui est ce que l’Université ajoute au Contrat de plan Etat-Région (p. 48).

Le but de la présentation était d’être pédagogique, plutôt que comptable et financière” (p. 18), ainsi les projets sont présentés par des photos de chantiers (pp. 51 à 59), et ne sont pas discutés individuellement. L’objet, les opportunités et risques de chacun ne sont pas présentés. La stratégie générale derrière cette hausse massive des investissements immobiliers n’est pas non plus présentée. Ce PPI engage potentiellement 37,5 M€, soit environ 600 ans de salaire de MCF (p. 21). Cette comparaison est refusée par le Président (p. 20).

Le PPI est adopté par 30 voix pour, 2 contre et 2 abstentions.

2.6 Plan d’action HRS4R (pp. 22 à 27)

L’université s’est engagée, par décision du Conseil d’Administration en juin 2016, “à aller chercher un label européen appelé HRS4R” (p. 22). La discussion confirme en tout point le vadémécum sur le sujet, et relève d’une logique d’exception :

  • la Commission européenne conditionne ses financements : ils sont à la fois les plus importants et les plus concentrés (70 personnels sur 17 unités de recherche – l’Université en compte 72), en échange de restrictions des libertés de l’ensemble des chercheurs de l’établissement (p. 26) ;
  • le plan d’action est un mélange de mesures qui “frôlent la naïveté” (p. 23) “parfois loin de la réalité du terrain et un peu en décalage avec la pratique, voire la politique de l’université, sur l’évaluation notamment” (p. 24) et de mesures qui changent profondément notre système : le recrutement “limité” de collègues précaires jusqu’au professorat pour “une réactivité et une compétitivité avec les grandes universités internationales” (p. 24 et 25) ;
  • d’après le porteur du projet, “Cela entraîne une évolution perpétuelle de plan d’action, les actions mises en œuvre en suscitant de nouvelles, et un maintien à jour de l’université avec les préconisations européennes de gestion RH de la recherche” (p. 23). Ces préconisations seront adoptées aveuglément puisque le CA de l’Université n’est pas “le lieu pour débattre des intentions de l’Union européenne” (p. 26).

D’après le Président, le nombre de postes de MCF ordinaires (32 pour 1450 candidats) ne dépend pas de l’Université mais “de politique nationale” (p. 25), “ce plan d’action […] en est à ses débuts de cheminement dans l’université” (p. 26) et “la démocratie permet de voter contre”. Heureusement, “les chercheurs se mobiliseront lorsque leur liberté sera menacée” (p. 23).

En attendant, le plan est adopté par 25 voix pour, 7 contre et 2 abstentions.

Points remontés

3.4.3.3 Demande de soutien à l’École d’Été de l’Université Franco-Azerbaïdjanaise du 1er au 15 juillet 2017 (pp 27 à 29)

Alors qu’il avait été annoncé que ce projet était entièrement supporté par le gouvernement azerbaïdjanais, il est demandé aux administrateurs de voter une subvention de 15 000 € pour une école d’été. La CFVU s’était prononcée contre, c’est pourquoi le point a été placé parmi les 18 points non soumis à discussion au CA.

Remontée en point soumis à discussion, cette mesure est adoptée par le CA à 23 voix pour, 6 contre et 5 abstentions.

La proposition “de placer les délibérations rejetées en CFVU directement en points soumis à discussion” est refusée par le président (p. 29).

3.10 Fondation Unistra : désignation des représentants de l’université au conseil d’administration de la fondation de l’université (pp. 29 à 30)

La fondation de l’Université de Strasbourg demande qu’un certain nombre de sièges de son conseil d’administration soient occupés par des personnes ès qualités, à savoir le premier vice-président, le vice-président en charge des relations avec les entreprises et de la valorisation et le vice-président Vie universitaire” (p. 29). Il est proposé d’y adjoindre des administrateurs élus, en sus du personnel BIATSS désigné par le CA depuis l’an dernier. La proposition est rejetée en raison du fait que d’après le Président “la fondation souhaite avoir

dans son CA les personnes mentionnées précédemment”.

Cette désignation est approuvée à l’unanimité.

Motion de soutien à Pinar SELEK

Suite au refus du Président d’adopter une motion de soutien aux universitaires turcs et en particulier à Pinar SELEK lors du CA du 28/02/2017, il est de nouveau proposé une motion, sur le modèle de celle adoptée à l’unanimité par le Conseil scientifique du CNRS. Elle est refusée par le Président, qui “trouve la motion longue”. Une motion plus courte est finalement adoptée après une ultime demande de modification de la part du Président.

Ainsi, cette motion est la seule chose qui ait été refusée et amendée par le CA cette année. Tous les autres documents ont été adoptés sans qu’aucune modification n’ait pu être faite.

Cette motion est adoptée par 33 voix pour et 1 abstention.

Congrès du 27/06/2017

Congrès d’orientation budgétaire

Documents en ligne.

1. Point d’information (pp. 5 à 6)

Suite aux revendications des représentants des doctorants, la présidence a pris l’engagement de raccourcir à deux mois les délais de paiement des vacations, et de rendre plus visibles les possibilités existantes d’exonération des frais d’inscription.

2. Rapport d’activité 2016 de la fondation (pp. 6 à 10)

La campagne de levée de fonds 2016 présente plusieurs caractéristiques : un nombre sans précédent de donateurs, une absence de grand don, et une collecte totale qui n’a jamais été aussi basse. Au final, le budget de la fondation est de 800k€, et elle a collecté 1200k€. Cependant, le résultat de l’année 2017 devrait être meilleur.

Cette difficulté est expliquée par l’extrême concurrence avec les autres universités, et il est noté que le travail réalisé aujourd’hui portera ses fruits dans une cinquantaine d’années.

3. Rapport annuel d’activité présenté par le président (pp. 10 à 12)

Le président présente les actions positives de l’université, ce qui ne suscite ni commentaire ni question.

Le rapport est adopté à 68 voix pour et 29 abstentions, expliquées par le fait que de nombreux points présentés sont antérieurs à la mandature actuelle.

4. Débat d’orientation budgétaire, Lettre d’orientation budgétaire (pp. 10 à 24)

En séance, M. Pabst, VP Finance, ainsi que l’équipe présidentielle répondent en détail aux questions que nous avions transmises en amont du congrès.

Le PV confirme en tout point notre analyse : la lettre d’orientation budgétaire porte un changement majeur de stratégie, en mettant l’effort budgétaire sur des actions de visibilité et de valorisation, au détriment des missions cœur de métier.

Plusieurs points sont discutés.

Il est décidé que 0,8M€ seront provisionnés pour s’acquitter de la contribution au fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique. Aucune politique de recrutement de personnels handicapés n’est envisagée (p. 14).

Ensuite, il est discuté de l’utilisation des 8M€ excédentaires, qui représentent une marge de manœuvre substantielle dont dispose la présidence pour mettre en œuvre sa politique. Après la classique invocation de la “fongibilité asymétrique” et sa réfutation factuelle, il est acté que cette marge de manœuvre sera utilisée à “l’investissement” (p. 15). Ces investissements sont essentiellement axés sur la visibilité et la valorisation.

Il est ensuite proposé par le VP Finances de réduire les frais de déplacement, de restauration et de représentation, notamment en cessant de voyager en 1ère (p. 16).

Notre proposition de travailler à limiter la charge que représentent les réponses aux appels à projet est évacuée par la VP Recherche, qui “considère que rédiger un projet pour obtenir des financements ANR organise le travail et permet  de  réfléchir  aux  étapes  suivantes et  d’avoir  un  rayonnement  national  important.  Se  faire connaître  auprès  des  experts  nationaux  est  un  point  non  négligeable  pour l’avancée  des  travaux  et bénéficier d’une reconnaissance”  (p. 17).

Le nouveau pôle étudiant entrepreneur est présenté comme une voie d’insertion professionnelle par la création d’entreprise (p. 17).

Sont ensuite discutés les différents prêts bancaires qui permettront de dépenser dans le mandat actuel la totalité de la dotation Plan Campus qui nous a été attribuée pour les deux prochaines décennies (pp. 17 et 18). Il n’y a pas de visibilité sur la manière dont l’université pourra faire face aux remboursements d’emprunts et au GER (Gros Entretien Renouvellement), pas plus que sur le coût total des travaux engagés (p. 19).

Nous proposons de réintégrer l’expression “mission cœur de métier”, qui apparaissait dans les articles 6 et 18 de la LOB 2016, et faisait même l’objet de toute la section II-4, et a totalement disparu de la LOB 2017. Cette proposition est initialement refusée au motif que le VP Finances “indique ne pas l’avoir trouvée [dans la LOB 2016] avec le moteur de recherche”, puis ajoutée en préambule à la condition que “recherche et formation” soient accompagnées de “l’insertion professionnelle et de la diffusion de la culture scientifique” (pp. 20 et 21).

Enfin, notre proposition d’auditer l’IDIP et le PUI avant leur pérennisation est également refusée, au motif qu’il s’agit “[d’]une décision politique, qui relève d’une efficacité avérée” (p. 20).

S’ensuit une discussion sur notre proposition de voter séparément les amendements que nous avons préparés pour permettre aux conseils de discuter et décider réellement des orientations budgétaires de l’université (p. 21). Cette proposition est refusée au motif que le président “ne prendra sans doute pas l’argent au même endroit que les élus « Alternative 2017 »” (p. 22) et que “ces propositions ne sont pas des propositions de reformulation, mais de changement d’orientation politique” (p. 23).

La LOB est adoptée par les membres du CA à 27 voix pour et 10 contre.

Communiqué: Congrès d’orientation budgétaire

Lors du Congrès de l’Université de Strasbourg du 27 juin 2017, le débat d’orientation budgétaire s’est achevé avec l’adoption de la lettre d’orientation budgétaire (LOB) pour l’année 2018. Il s’agit de la première étape de l’élaboration du budget de l’université.

Les élus de la liste Alternative se félicitent que leurs questions et propositions formulées en amont aient pu servir de base à la discussion. Malheureusement, aucune amélioration significative n’a pu être apportée à la LOB. La présidence de l’université ayant imposé un vote global de la LOB, les administrateurs n’ont pas pu se prononcer sur chacun des nombreux choix opérés par l’équipe de direction.

Tous les administrateurs partagent l’objectif d’équilibre budgétaire et reconnaissent les contraintes budgétaires. Pourtant, pour la troisième année consécutive, notre université a vu son exercice précédent se clôturer avec un résultat positif de 8 millions d’euros grâce aux économies qui nous sont demandées. Des marges de manœuvre supplémentaires sont en plus dégagées grâce au renouvellement de l’initiative d’excellence (IdEx) ou encore aux nombreux emprunts auxquels il a été décidé de recourir.

Ces marges de manœuvre sont utilisées pour développer ou pérenniser de nombreux projets. La LOB cite notamment : EUCOR, GECT, LIA, GDRI, UMI, Maison de la Donnée, AlsaCalcul, I2MT, A2S, AOC, PEPITE-ETENA, Entrepreneurship beyond borders, label Marianne, ISIS Data-center, Studium, Maison des personnels, G2EI Descartes, Planétarium, EOLE, IDIP… Auxquels s’ajoutent les projets du PPI (Plan pluriannuel d’Investissement) votés la séance précédente.

En regard de ces investissements massifs, et parfois risqués, alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter, et que la sélection se prépare activement, les élus Alternative 2017 déplorent qu’il ait été acté que :

  • “le nombre total de recrutements d’enseignants-chercheurs et d’enseignants prévu en 2018 ne doit pas excéder celui de 2017” (article 11) ;

  • “le volume global des dotations en heures complémentaires sera stabilisé” (article 16) ;

  • “le renouvellement pédagogique [sera soutenu] par le biais d’une utilisation plus dynamique des outils numériques à moyen constant” (article 41) ;

  • “un effort particulier sera fait pour doter au plus juste le fonctionnement des unités.” (article 25).

Le refus d’une mention, que nous avons proposée au titre des grandes orientations, du soutien des conditions d’étude, du budget des formations et des laboratoires, ainsi que des recrutements, est symptomatique d’une politique qui vise la visibilité et la valorisation au détriment de nos missions fondamentales. L’orientation prise est ainsi tournée vers des investissements risqués dans le numérique et l’immobilier, bien plus que vers l’investissement humain dont notre Université a prioritairement besoin.

La recherche de l’équilibre budgétaire global ne doit pas masquer des orientations budgétaires aussi déséquilibrées. Les élus Alternative 2017 regrettent que la lettre d’orientation budgétaire n’ait pas été plus ambitieuse pour défendre, renforcer et pérenniser ce qui constitue le cœur de métier de l’Université.

Les membres du congrès élus sur les listes Alternative 2017.

Lettre d’information mai 2017

Chères et chers collègues,
Les choses s’accélèrent pour les universités et pour notre université. Les derniers conseils ont été amenés à prendre des décisions lourdes pour notre avenir. Face à l’importance de ces décisions, les élus au CA sur les listes Alternative 2017 ont élaboré et transmis à tous les administrateurs un vadémécum sur les documents soumis à l’approbation du CA. Ce vadémécum a été salué par le président, qui nous a remerciés pour ce travail, et aucun de ses points n’a été remis en cause. Tous les administrateurs ont ainsi pu prendre des décisions éclairées.

C’est donc en pleine responsabilité que le CA a approuvé une direction stratégique très risquée pour notre établissement. Il a accepté de contraindre l’accès à nos formations et approuvé un document indiquant que notre meilleure source de ressources propres sont les droits d’inscription à ces formations. Le Conseil a décidé de développer localement les tenure-tracks, qui remplacent les postes de MCF dans les systèmes étrangers, et de baser l’attractivité de notre Université sur des rémunérations élevées pour ce type de postes, ainsi que sur des chantiers prestigieux. Les administrateurs ont également approuvé les restrictions sur nos libertés de recherche que nous impose la Commission Européenne en échange de l’accès à ses financements et de l’utilisation d’un logo (sic).

Pourtant, nous aurions pu faire un choix différent. La discussion a démontré que nous pouvions tout à fait décider de consacrer notre budget aux recrutements d’enseignants et enseignants-chercheurs plutôt qu’à des chantiers et des postes prestigieux.

Au moins aurions-nous pu en discuter sur des bases sérieuses, étudier chaque projet sous l’angle des moyens et opportunités, décider si ces derniers étaient plus importants que l’accueil de nos étudiants. Nous aurions pu discuter de la meilleure stratégie d’attractivité : des postes rares, à durée déterminée mais mieux rémunérés, ou des postes peu onéreux et titulaires. Mais aucune des recommandations que nous avions pourtant communiquées par écrit au Conseil n’a été discutée.

Lors de ce conseil, nous avons explicitement renoncé à notre mission de formation du plus grand nombre, renoncé à notre liberté pleine et entière de recherche, et renoncé à assurer la pérennité du statut de Maître de conférences, qui fait pourtant l’attractivité de notre système, mais a déjà commencé à disparaître avec seulement 34 postes (+0% sur un an) mis au concours pour 1342 candidatures (+20% sur un an).

En ces temps de changements politiques, dans la perspective de l’autonomie accrue des universités et de la réduction des dépenses publiques, ces décisions dessinent un avenir pour notre Université bien différent de son passé.

La recherche intellectuelle libre et l’enseignement supérieur ouvert à tous étaient une réponse efficace pour la formation et l’insertion professionnelle, et un facteur essentiel de progrès pour notre pays tout entier.

Prochaines étapes : la dévolution du patrimoine et la suppression des services statutaires.

En vous souhaitant une bonne journée,
Les élus sur les listes Alternative.
http://alternative2017.eu/

Pour aller plus loin